J. Le littoral atlantique

Tout au long de l’Océan Atlantique, de la Pointe de Grave jusqu’à Biarritz, la côte landaise présente un profil extrêmement similaire. En Gironde, c’est plus de 100 km de plage qui se déroulent face à la mer, uniquement interrompus par le Bassin d’Arcachon. Une plage de sable dégagée, un étroit cordon dunaire sableux, une deuxième succession de dunes, plus massives et boisées, et enfin un étang d’eau douce, bordé par la forêt des Landes : cette série se répète sur tout le littoral. L’exception remarquable du Bassin d’Arcachon, lagune créée par l’embouchure de la Leyre, apporte une diversité bienvenue et précieuse dans les paysages et les milieux naturels de la côte.

Plages, dunes et lacs d’eau douce forment au long de la bande littorale un paysage très organisé qui se prolonge vers le sud bien au-delà des frontières girondines. Seule exception, formée par le delta de la Leyre, la lagune d’Arcachon et cultive sa différence en développant divers visages sur ses rivages : la station balnéaire d’Arcachon et la dune du Pyla qui la surplombe ; le littoral ostréicole de La Teste au Teich et ses ports caractéristiques au sud ; le littoral d’Andernos en lisière du massif Landais au nord-est ; la pointe du Cap Ferret et sa forêt habitée. Six unités de paysages composent donc le littoral atlantique :

J1. La bande littorale

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La côte aquitaine s’étire en une immense plage de sable rectiligne sur plus de 200 km du nord au sud, de l’embouchure de la Gironde à celle de l’Adour. Sur le territoire départemental, ce sont environ 115 km qui font face aux vagues en rouleaux de l’océan Atlantique. En arrière du rivage, les dunes sableuses et boisées, les étangs et zones humides, puis le massif forestier se succèdent presque invariablement - le Bassin d’Arcachon constituant la seule et majestueuse exception (cf unités J2 à J6). Ces séries se prolongent jusqu’à une douzaine de kilomètres environ à l’intérieur des terres, investies par les différentes stations bâties des cités balnéaires de Lacanau, Hourtin, ou encore Carcans. Très fréquentées par les touristes, notamment en période estivale, celles-ci sont desservies par de petites routes perpendiculaires à la côte, franchissant les dunes pour rejoindre une longue desserte nord-sud formée des RD3, RD101 et RD652.

    © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
    Bloc diagramme de l’unité J1 © Agence Folléa-Gautier

    Les communes concernées par l'unité de paysage J1

    • CARCANS
    • GRAYAN-ET-L’HOPITAL
    • GUJAN-MESTRAS
    • HOURTIN
    • LACANAU
    • LA TESTE-DE-BUCH
    • LEGE-CAP-FERRET
    • LE PORGE
    • NAUJAC-SUR-MER
    • SOULAC-SUR-MER
    • VENDAYS-MONTALIVET
    • VENSAC
    Caractéristiques
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    Une organisation régulière, parallèle à la côte

    La rencontre entre le vaste plateau sableux landais et l’océan Atlantique a constitué une interface terre-mer complexe et évolutive, fruit de l’influence conjuguée des vents, des eaux - courants marins de l’ouest et rivières de l’est - et des hommes. Si les éléments continuent à façonner ce paysage - sables charriés par l’océan ou soufflés par les vents - les interventions humaines des deux derniers siècles ont pour but de le stabiliser : fixation des dunes par plantation, protection du littoral contre l’érosion...

    De la pointe du Verdon à l’étang de Cazaux, c’est donc la même organisation qui régit le paysage : le plateau sableux est interrompu par les étangs, issus du blocage de l’eau par le cordon dunaire (lac d’Hourtin et de Carcans, lac de Lacanau, étang de Cazaux et de Sanguinet) ; les dunes boisées et stabilisées surplombent les étangs ; les dunes vives, enfin, modelées par le vent, font face à l’océan. Quelques variations peuvent néanmoins être observées. Ainsi, au nord d’Hourtin, la chaîne dunaire voit son emprise diminuer pour se réduire à un étroit cordon situé deux à trois kilomètres à l’intérieur des terres, tandis que la plage n’est plus bordée que par un bourrelet sableux peu marqué.

    Le cordon dunaire, une succession de milieux

    Le cordon dunaire n’est pas homogène, mais se décompose en plusieurs séquences. A l’est, surplombant les étangs, se dressent les dunes boisées, les plus hautes et les plus anciennes ; couvertes de pinèdes, elles sont fixées par les arbres et présentent un profil stabilisé, composant les beaux horizons boisés et souples des étangs. Cette couverture forestière est en grande partie naturelle (200 000 ha de pinède existaient spontanément) et a été complétée par les travaux de fixation à partir du XVIIIème siècle (cf "Le littoral girondin"). Aujourd’hui, la gestion par l’ONF d’une grande partie de ces boisements littoraux (forêts domaniales ou communales) assure leur protection et leur pérennité. La valeur patrimoniale de cette forêt littorale est à souligner.

    Les dunes grises, protégées des embruns, voient une végétation rase et plus clairsemée les maintenir en place : si cette couverture reste peu importante, son réseau racinaire dense assure la tenue du substrat. Il s’agit de pelouses riches en mousses et en lichens, dominées par l’Immortelle (Helichrysum stoechas), souvent accompagnée de la Canche blanchâtre (Corynephorus canescens). La dune blanche, quant à elle, est particulièrement mobile : implantée en front de mer, elle est la plus exposée au vent, qui la déplace et l’engraisse par de nouveaux apports sableux, captés par les quelques plantes pionnières qui la couvrent - principalement l’Oyat (Ammophila arenaria) et l’Agropyron (Elymus farctus). Enfin, la dune embryonnaire prend la forme d’une banquette sableuse - issue de l’accumulation de sables éoliens au pied de la dune vive - et annonce l’apparition possible de nouveaux reliefs.

    Généralement située entre la dune boisée et la dune grise, la lette prend la forme d’une dépression où se développent des milieux plus humide. Selon le niveau de la nappe phréatique - qui peut varier au fil des saisons - on y trouvera de véritables marais ou de simples pelouses humides. Ces secteurs sont bien plus abondants en matières organiques que les dunes blanches, et présentent des milieux naturels très riches, variant suivant la durée d’inondation, la salinité, l’exposition au vent...

    Leur mobilité et leur sensibilité aux éléments comme aux activités humaines font de ces secteurs dunaires des milieux fragiles. La fréquentation estivale très importante implique une gestion attentive de ces lieux, afin de maintenir un équilibre permettant de préserver la richesse des habitats tout en assurant au plus grand nombre la jouissance de ces sites exceptionnels.

    L’exutoire des Landes

    Parallèlement à la formation des dunes sont apparus les grands lacs médocains. Dans un premier temps, les courants océaniques associés à des apports de sables ont obstrué les embouchures des rivières. Avec l’apparition des premières dunes, les eaux ont commencé à se propager légèrement en amont, formant derrière les buttes de larges bassins encore reliés à l’Atlantique et entourés de zones humides marécageuses. Le cordon dunaire, en se densifiant, a achevé l’obstruction de ces débouchés, laissant les eaux de ruissellement s’accumuler et constituer des lacs d’une taille conséquente.

    C’est durant la seconde moitié du XIXème siècle qu’est creusé le canal des Etangs, dans le but d’assécher les marais et de créer une voie de circulation navigable. Reliant les lacs d’Hourtin et de Lacanau au Bassin d’Arcachon, il offre de nouveau un exutoire aux cours d’eau des Landes girondines, avec pour conséquence directe la baisse du niveau d’eau des étangs, et donc la réduction de leur surface. Tout en permettant le drainage et l’écoulement des eaux, le canal laisse apparaître des zones humides sur les terres précédemment immergées. Une succession de milieux humides se confirme donc entre forêt et dunes, avec pour lien le canal des Etangs.

    Au nord, c’est le chenal du Gua qui remplit ce rôle : débouchant dans l’estuaire de la Gironde, à la hauteur de Talais, il offre un exutoire aux eaux des marais de Lespaut et de la Perge.

    Une urbanisation en triptyque

    Les évolutions du niveau d’eau ont fortement contraint les implantations humaines : quelques peuplements préhistoriques durent ainsi reculer plusieurs fois face à l’élargissement des lacs (cf "Le littoral girondin"). A l’inverse, les villes côtières du Médoc (Lacanau, Hourtin...), implantées sur les rives ouest des lacs à leur plus haut niveau, ont vu les eaux s’éloigner avec le percement du canal. Suite à ce recul, de nouveaux hameaux apparaissent au plus près des rives nouvelles : les stations lacustres se développent ainsi, en complément des villes forestières.

    Avec l’apparition et le développement du tourisme de bord de mer (cf "Le littoral girondin"), dans la seconde moitié du XIXème siècle, un troisième élément va compléter ces villes. C’est au plus près du rivage océanique, dans les derniers cordons dunaires, que s’implantent les stations balnéaires : Lacanau-Océan, Carcans-Plage, Montalivet-les-Bains...

    La desserte du nord au sud entre ces villes s’organise à l’ouest des lacs, par les RD101 et RD3. Celles-ci desservent les quartiers forestiers, à partir desquels de petites routes locales s’immiscent entre les lacs et les dunes vers l’ouest, afin de relier les stations lacustres et balnéaires.

    Un développement touristique et urbain maîtrisé

    La pression touristique sur le littoral ne fait que croître au cours du XXe siècle, particulièrement à partir des années 1960. Aussi l’Etat crée-t-il la Mission Interministérielle d’Aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA) par le décret du 2 octobre 1967. Elle est chargée de définir le programme général d’aménagement, d’en déterminer les moyens d’exécution et d’en suivre la réalisation. La Mission élabore alors le Schéma d’Aménagement de la Côte Aquitaine, approuvée par le CIAT le 20 avril 1972 (pour la partie Gironde-Landes). Le Schéma prévoit de doter le territoire des équipements touristiques nécessaires en lui donnant une image de marque originale fondée sur la conjonction de l’océan, de la forêt et des lacs, tout en lui conservant son équilibre écologique et humain. Il prévoit neuf Unités Principales d’Aménagement où sont concentrés les équipements, séparés par sept Secteurs d’Equilibre Naturel où le milieu naturel est protégé. Au sein de chaque UPA les opérations nouvelles sont traitées perpendiculairement à la côte et s’appuient sur les urbanisations existantes.

    L’application du schéma est assurée par une politique foncière non moins volontariste, puisque la procédure des Zones d’Aménagement Différé (ZAD) est mise en place pour 180 000 ha en 1970. L’Etat devient ainsi l’acquéreur privilégié et contrôle les ventes de terrain de la bande côtière sur 7 à 10 kilomètres de large.

    La politique est novatrice par son côté très logique à une aussi vaste échelle, d’autant qu’elle mène de front aménagement touristique et protection du milieu. Elle aboutira à la très belle lisibilité du paysage littoral de la côte girondine (et landaise) actuelle, ponctuée de stations clairement distinctes les unes des autres. En fait, une logique urbaine s’est ajoutée intelligemment à une logique géographique en place, pour dessiner un paysage hiérarchisé, clairement organisé. De quoi faire rêver les acteurs de l’aménagement des autres côtes en France, victimes d’une urbanisation généralisée où les coupures d’urbanisation, qui font la lisibilité du paysage, se réduisent à des peaux de chagrin. La valeur du littoral Girondin n’en est que plus grande.

    Le développement des circulations douces permet de parcourir ce paysage préservé dans son ensemble. Piétons, cyclistes et cavaliers peuvent ainsi arpenter le littoral de l’étang de Cazaux jusqu’à la pointe du Verdon, en contournant le Bassin d’Arcachon, et les circuits sillonnant les dunes ou les zones humides des étangs offrent l’opportunité de découvrir ces milieux protégés sans leur porter atteinte.

    Enjeux
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    Enjeux de protection / préservation

    Les milieux naturels dunaires (dunes blanches fragilisées, zones humides des lettes, pinèdes), les zones humides autour des lacs et du canal : protection de la flore et des habitats précieux.

    Les coupures d’urbanisation héritées de la MIACA : maîtrise de la construction et maintien des espaces non bâtis.

    Le patrimoine architectural : repérage, inscription aux documents d’urbanisme, entretien et rénovation.

    Enjeux de valorisation / création

    Les circuits de découverte des dunes et des lacs : ouverture raisonnée au public, protection des milieux par des accès canalisés.

    Le canal des Etangs : mise en place de liaisons douces piétons-vélos sur les berges.

    Les zones d’activités proches des routes : maintien d’un recul par rapport à la voie, inscription dans les paysages forestiers par la préservation de parcelles boisées.

    Enjeux de réhabilitation / requalification

    Les fronts de mer des stations balnéaires : réaménagement des espaces publics, entretien et rénovation des bâtiments.

    Les espaces de stationnement : recul des aires de stationnement par rapport à la plage et aux milieux fragiles, inscription sous les pinèdes.

    L’urbanisation en bord de route : arrêt de la construction linéaire.

    Les sites de camping dans les dunes : gestion des boisements existant, développement d’une stratégie de renouvellement des boisements.

    J2. La lagune du Bassin d’Arcachon

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    Situation
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    Le Bassin d’Arcachon forme une perle unique, accrochée sur le linéaire des 230 km de côte sableuse girondine et landaise. La Leyre, seule rivière suffisamment puissante pour percer le cordon dunaire et atteindre l’océan, y a formé une lagune, sous la forme d’une baie presque close dans laquelle entre et sort l’océan deux fois par jour, à la faveur des passes. Riche de nombreux éléments identitaires, naturels ou humains, cette lagune constitue par elle-même la première des unités de paysage du Bassin autour desquelles gravitent les unités terriennes. Facilement accessible depuis Bordeaux, isolée, cette petite mer intérieure magnétise depuis 150 ans une foule toujours plus nombreuse, sur laquelle les usages de l’eau se sont multipliés, jusqu’à apparaître par endroits ou par moments contradictoires.

      © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
      Bloc diagramme de l’unité J2 © Agence Folléa-Gautier

      Les communes concernées par l'unité de paysage J2

      • ANDERNOS-LES-BAINS
      • ARCACHON
      • ARES
      • AUDENGE
      • BIGANOS
      • GUJAN-MESTRAS
      • LANTON
      • LA TESTE-DE-BUCH
      • LEGE-CAP-FERRET
      • LE TEICH
      Caractéristiques
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      Un paysage particulièrement original, riche de nombreux éléments identitaires, et mouvant

      Avec ses arrouils, ses bourrideys, ses esteys et ses chenaux, ses vasières et ses prés salés, ses slikkes et ses schorres, ses îles et ses bancs de sable, ses parcs à huîtres signalés par leurs ribambelles de pignots, ses bateaux de pêche et de plaisance, ses villages ostréicoles et ses ports, ses cabanes tchanquées et ses jetées non moins perchées, - sans parler de ses lumières -, la lagune d’Arcachon compose un paysage particulièrement original, fortement identitaire, qui se simplifie à marée haute sous le manteau liquide d’une mer intérieure, pour réapparaître dans toute sa richesse et sa complexité le temps d’une marée basse. La surface du plan d’eau passe ainsi de 18 000 à 5 000 ha entre haute et basse mer.

      Une précieuse imbrication terre-mer

      Le bassin n’est pas un paysage d’horizons lointains exceptionnels, si l’on excepte, bien sûr, le surgissement pâle et irréel de la Dune du Pilat dominant les passes : amer bien connu des marins, et horizon marquant depuis le Cap Ferret. Au fil des 85 km de côte, presque partout s’étire une mince bande sombre dessinée par les pins qui, hormis le front de mer d’Arcachon, efface presque et de façon surprenante la présence de l’urbanisation.
      C’est plutôt à proche distance de la côte que se révèlent ses richesses visuelles et environnementales, dans les horizons rapprochés où se produit la rencontre de la mer et de la terre. « Bassin » est d’ailleurs un terme relativement paradoxal, qui évoque des rives proprettes et lisses. Dans la réalité, terres et eaux dialoguent de façon complexe et riche, s’interpénètrent en indentations successives. Cette imbrication, fruit des dispositions naturelles mais aussi humaines, constitue une valeur clef du Bassin.

      Elle se concrétise dans plusieurs éléments naturels :

      • les zones humides qui se développent au contact des eaux douces terriennes et des eaux marines salées, terres incertaines et eaux peu sûres, comme des débordements d’aquarelle sur un papier humide : delta de la Leyre, prés salés d’Arès, prés salés de La Teste ;
      • les marées basses, lorsque le schorre, mais aussi les slikkes (le tatch, le crassat), se découvrent en immenses vasières, plus incertaines encore et qu’on ne parcourt qu’avec des planches aux pieds. L’eau suinte en serpentant à travers ces vasières, hiérarchisée en arrouils, bourrideys, esteys et chenaux, qui, vus d’avion, dessinent une étrange arborescence ;
      • l’île aux Oiseaux, le Banc d’Arguin et les autres bancs de sable des passes, la flèche de sable qui protège la Conche à la hauteur du Cap Ferret et de Bélisaire, sont encore les signes de ce mariage étroit entre la terre et la mer.

      L’imbrication se confirme par les aménagements humains :

      • avec la jetée, très caractéristique du bassin, c’est la terre qui se prolonge en mer ;
      • à l’inverse c’est la mer qui rentre en terre avec les ports ostréicoles ou de plaisance, développés en indentations étroites et longues enchâssées dans les arbres, les maisons ou les cabanes ;
      • les anciennes salines, avec leurs bassins successifs séparés par des digues, ajoutent à l’imbrication de la terre et de l’eau ;
      • les parcs à huîtres, signalés par leurs rangées de pignots déployées comme des paravents japonais, sont encore des prolongations terriennes en mer ;
      • enfin les cabanes tchanquées, anecdotiques, sont néanmoins symboliques de cette imbrication.

      Dans cette logique, tout milite contre le front, la séparation trop nette de la terre et de l’eau : les digues, les parapets, les protections contre l’érosion, méritent ainsi la plus grande attention dans leur réalisation, en restant limités dans l’espace, cantonnés à quelques points spécifiques sensibles ou très urbains.

      Des zones humides de grande valeur

      Outre le bassin et son estran, la lagune s’enrichit dans ses marges de zones humides de grande valeur, à la faveur des principaux débouchés d’eau douce.

      Le delta de la Leyre, flanqué de part et d’autre de deux anciens domaines, Ruat et Certes, offre la principale facette « naturelle » du littoral du bassin. Il représente la raison d’être du bassin dans son ensemble, marquant l’embouchure de la Leyre dans la mer. Si le marais, plat par définition, reste discret aux yeux des observateurs, il concentre la vie dont la manifestation la plus visible et spectaculaire est celle des oiseaux qui y vivent.

      Les politiques d’acquisition par le Conservatoire du Littoral, les communes, le Conseil général, la création de la réserve ornithologique du Teich, confortent cette valeur naturelle. L’intérêt du delta est aussi culturel, avec les domaines de Ruat et de Certes, ce dernier, entre Audenge et Lanton, étant historiquement lié aux réservoirs créés en 1770, utilisés comme salins puis comme piscicultures.

      Le Canal des Etangs qui atteint le Bassin dans son angle nord constitue, au contact de la mer, une zone humide de prés salés d’aspect naturel qui forme une excellente coupure d’urbanisation entre la presqu’île du Cap Ferret (Claouey) et le « continent » (Lège-Cap-Ferret et Arès). Comme le delta de la Leyre, mais moins équipée pour accueillir le public, la zone humide du Canal des Etangs forme un espace de nature qui ajoute aux facettes diverses des paysages du bassin. Elle est d’ailleurs classée en réserve naturelle.

      Des usages sur l’eau multiples à la gestion délicate

      La présence unique d’une petite « mer intérieure » calme greffée sur un littoral océanique à l’inverse rude, a conduit depuis 150 ans à cristalliser des usages de l’eau de plus en plus divers et intenses : la pêche professionnelle, les cultures marines (ostréiculture), la plaisance sous toutes ses formes (bateaux à moteur, jetski, ski nautique, bateaux à voile, planche à voile, kite surf, canoe-kayak, aviron de mer, …), la plongée, la baignade, la pêche à pied, le surf, le cerf-volant, le tourisme nature, la chasse (à la tonne, à la passée, voire au pédalo), etc. Concentrées sur un secteur géographique limité, et pour la plupart sur la saison estivale, ces activités multiples posent des problèmes de conflits d’usages et de compatibilité.

      On le mesure par exemple à l’importance prise par les bateaux de plaisance (95% étant à moteur) qui posent des problème d’occupation excessive de l’espace marin (168 bateaux/km2 contre 14 bateaux/km2 dans le golfe du Morbihan – chiffres IFREMER -),et de pollutions chimiques (eaux noires, eaux grises, hydrocarbures, peintures antifouling, …).

      De même, certains secteurs surfréquentés posent des problèmes de dérangement de la faune, comme au Banc d’Arguin.

      Dans ce contexte, c’est l’ostréiculture (qui joue un rôle majeur dans la qualité identitaire du Bassin), qui apparaît fragile, menacée par les pollutions liées non seulement aux bateaux, mais aussi à l’urbanisation (ruissellement des eaux pluviales et apport de polluants phytosanitaires en particulier), à l’agriculture, au réchauffement des eaux.

      Le Schéma de Mise en Valeur de la Mer, validé en 2002, est en charge de réglementer ces usages.

      Enjeux
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      Enjeux de protection/préservation

      Les sites écologiquement fragiles : gestion de la fréquentation du public dans l’espace et dans le temps pour éviter le dérangement de la faune et la dégradation des milieux.

      La qualité biologique des milieux, notamment de l’eau : maîtrise des pollutions par les bateaux, l’urbanisation, l’agriculture.

      Enjeux de valorisation / création

      Les schorres et les marais : valorisation par une gestion raisonnée de l’accueil du public, à l’instar des aménagements anciens du parc ornithologique du Teich, ou récents des prés salés de La Teste.

      Enjeux de réhabilitation / requalification

      Les dispositifs de protection et d’aménagement « en dur » : risque de simplification et d’appauvrissement des rives par des projets portuaires, techniques ou urbanistiques qui ignoreraient la valeur d’imbrication de la terre et de l’eau ; promotion des aménagements doux faisant appel aux techniques de génie écologique.

      J3. Arcachon et la dune du Pyla

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      Situation
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      Arcachon est née du train. C’est en 1841 que l’on inaugure la ligne de chemin de fer reliant Bordeaux à La Teste. Et c’est en 1852 que la ligne est prolongée jusqu’au quartier d’Arcachon par les frères Péreire, le quartier devenant commune par décret impérial en 1857. Désormais, le Bassin est à une heure de la préfecture, au lieu de seize heures. Le développement de l’urbanisation va être rapide, d’abord pour un tourisme sanitaire puis balnéaire. La ville s’est agrandie en quartiers successifs, établis, hors centre ville (ou ville d’Eté), sur le modèle de la ville d’Hiver, avec les villas qui se glissent sous les pins existants : quartiers de l’Aiguillon-Saint-Ferdinand (ville d’Automne), quartier des Abatilles/Péreire (ville de Printemps), quartier du Moulleau et, sur la commune de La Teste, quartier de Pyla-sur-mer. Bien desservie par l’A660 et par le TER, Arcachon fonctionne de plus en plus avec Bordeaux, par des migrations quotidiennes domicile-travail.

        © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
        Bloc diagramme de l’unité J3 © Agence Folléa-Gautier

        Les communes concernées par l'unité de paysage J3

        • ARCACHON
        • LA TESTE-DE-BUCH
        Caractéristiques
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        Un héritage architectural et urbain remarquable

        Première station balnéaire créée en 1853, rapidement développée jusqu’à la Première guerre mondiale, Arcachon hérite d’un patrimoine architectural qui rend la découverte de la ville agréable, et qui fait une bonne part de sa célébrité. Immeubles et villas, y déclinent une architecture inventive, riche et colorée, délicate et coquette. Le « style arcachonnais », pittoresque, emprunte à l’architecture néoclassique, gothique, suisse, coloniale et mauresque. Il additionne, dans une savante asymétrie, les toitures à grand débordement, les épis de faîtages, les charpentes apparentes, les façades en brique, les pans de bois, les tourelles, les avant-corps, les vérandas, les balcons, les galeries, les bow windows, les vitraux, les lambrequins, les céramiques, les dentelures.

        La trame urbaine d’Arcachon constitue également une valeur paysagère importante. Dans la ville basse ou ville d’Eté, elle est tout entière organisée par rapport à la mer ; l’alignement des jetées dans l’axe des rues intérieures constitue notamment un trait remarquable du paysage urbain qui prolonge la rue en une « promenade sur la mer », largement pratiquée par les habitants comme par les estivants. En retrait, la ville d’Hiver, construite et vendue sur des arguments hygiénistes, offre au contraire un parcours souple, avec des rues en courbe pour éviter les courants d’air, adapté à la morphologie des dunes et aux principes de la ville-parc pittoresque du XIXe siècle.

        Le tissu végétal de l’urbanisme, la ville sous la forêt

        Au-delà du centre d’Arcachon, les dunes, avec leurs reliefs successifs à la fois doux et bien marqués et leur couverture végétale dominante de pins maritimes, ont été propices à l’implantation d’un urbanisme résidentiel nouveau au XIXe siècle, le lotissement forestier, constitué de maisons d’aspects variés isolées dans leurs parcelles et noyées dans la végétation en place qu’enrichit la flore décorative des jardins. Le fleuron en est bien sûr la Ville d’Hiver d’Arcachon, grâce à la merveilleuse créativité architecturale développée pour chaque villa. Mais le principe urbanistique se retrouve dans les différents quartiers qui se succèdent jusqu’à la Dune du Pyla : Péreire, les Abatilles, le Moulleau, Pyla-sur-Mer, le Pilat, Pyla-Plage.
        L’essentiel est bien ce tissu végétal de l’urbanisme, constitué de grands arbres émergeant des jardins privés (essentiellement des pins), qui dominent les villas et assurent la cohésion urbaine de l’ensemble et la qualité paysagère depuis les espaces publics. Il a permis une grande liberté architecturale, grâce à la présence unificatrice des pins, qui suffisent à imprimer une image profondément identitaire aux quartiers de ville sous la forêt.

        De la mer, la présence urbaine reste étonnamment discrète, marquée surtout par l’immeuble des Abatilles en terrasses et par l’ancien hôtel du Moulleau sur la plage. De la terre, l’ambiance reste fraîche et agréable, offrant l’impression d’un parc ou d’une forêt habités : à l’agrément de l’ombrage léger offert par les arbres adultes s’ajoute la qualité des odeurs de résine et celle des lumières filtrées.

        Des reliefs propices aux vues et à l’agrément du paysage

        Les reliefs des dunes ajoutent à l’intérêt des quartiers, qui se différencient ainsi nettement de ceux du vaste plateau landais. Ponctuellement, les vues sur le grand paysage se découvrent, s’ouvrant à travers les pins sur la mer. Depuis le belvédère Sainte-Cécile, flèche métallique construite en 1863, un large panorama particulièrement remarquable est mis en scène, montrant Arcachon sous ses deux facettes (centre-ville dense et quartier parc de la Ville d’Hiver) et, plus largement, l’échancrure bleue du bassin dans l’immense toison verte de la forêt.

        Une urbanisation récente plus banale : le défi d’un nouvel urbanisme forestier à inventer

        Dans la périphérie de ces quartiers traditionnels sous les arbres, des opérations plus récentes de lotissements n’offrent pas la même qualité paysagère : les maisons sont toujours construites sur le même modèle, isolées dans leur jardin privé, mais ces parcelles sont désormais plus petites, atteignant 400 ou 500 m2. A cette échelle, les arbres ont disparu : ils sont coupés pour réaliser l’opération immobilière ; les quelques arbres restants, isolés, sont trop dangereux pour être conservés et finissent par disparaître. Le paysage urbain perd ainsi toute sa qualité, offrant l’image d’un lotissement banal, celui que l’on trouve partout.

        Le paysage urbain contemporain du Bassin doit ainsi inventer un nouveau rapport à la forêt :

        • l’urbanisme végétal hérité du XIXe siècle et prolongé au XXe siècle était fondé sur la qualité des jardins privés, nécessairement vastes pour accueillir et conserver des grands pins. Il s’agit donc d’un urbanisme extensif, consommateur d’espace, de plus en plus dispendieux en réseaux et en services au fur et à mesure des extensions ;
        • le lotissement de la fin du XXe siècle, sur des parcelles plus petites, a gravement banalisé le paysage en faisant disparaître la couverture végétale ;
        • dans les quartiers du XXIe siècle, c’est l’espace public ou partagé qui devra accueillir les arbres de la forêt pour rendre possibles des opérations à la fois plus denses et en prise directe avec les arbres. Dans tous les cas, la coupe rase est à proscrire et une intelligence fine avec la forêt et les arbres est à exiger.

        La dune du Pyla

        Dressée le long des passes du Bassin, la formidable masse de la dune du Pyla atteint plus de 100 m de hauteur, ce qui en fait la plus haute d’Europe. Fréquentée par 1 million de visiteurs par an, ludique dans sa découverte, elle offre des vues dominantes remarquables sur les passes du Bassin, le cordon dunaire, le banc d’Arguin, le Bassin lui-même et l’immensité de la forêt.

        La forêt usagère

        La vieille forêt usagère de La Teste de Buch a longtemps été exploitée par les résiniers ; les arbres étaient réservés aux habitants, et l’activité du gemmage, dans les conditions d’usages fixées, a conduit à un faciès forestier particulier, échappant aux traditionnelles coupes de dépressage, d’éclaircies et de régénération. Sur le relief chahuté des dunes anciennes, les arbres, considérés pied à pied, mêlent des pins d’âges différents, accompagnés de feuillus et d’un sous-bois exubérant. Ponctuellement des petits marais prennent place, les braous. Depuis l’arrêt du gemmage dans les années 1970, la forêt n’est plus exploitée, la complexité des statuts, droits et devoirs des propriétaires entravant toute reconversion. Cet héritage culturel et patrimonial prend une valeur particulière dans le contexte périurbain de la forêt et à proximité immédiate du site de la dune du Pilat. Mais l’absence de vocation et de gestion conduit à des risques incendies accrus et à sa fermeture au public par arrêté préfectoral.

        Enjeux
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        Enjeux de protection / préservation

        Le tissu boisé de l’urbanisme : problème ou risque de l’évolution et du vieillissement des pins, qui conduit à leur disparition progressive ; problème ou risque des clôtures, insuffisamment transparentes, de plus en plus opaques ; problème ou risque de la palette végétale des jardins, décorative et horticole, qui banalise les quartiers de ville sous la forêt.

        Enjeux de valorisation/création

        L’architecture : encouragement à la créativité, appel systématique à des hommes de l’art, promotion de l’architecture contemporaine en bois.

        Les nouveaux quartiers, les extensions d’urbanisation : renouvellement des modèles de formes urbaines, pour des quartiers à la fois moins consommateurs d’espace et inscrits de façon fine dans le couvert de la forêt.

        Les transports : confortement des déplacements TCSP, piétons et vélos, renforcement de la trame douce, aménagements de points d’intermodalités avec les voitures aux entrées des quartiers.

        La forêt usagère : simplification des statuts, droits et devoirs entre propriétaires et usagers (anciens et complexes) ; adaptation de la gestion et de la vocation de la forêt usagère, suite à la quasi-disparition du gemmage et, par suite, des résiniers qui entretenaient la forêt.

        La forêt dunaire : gestion face à la pression foncière et au risque d’incendie ; renforcement des dispositions d’aménagement doux de l’accueil du public (stationnements ombragés en recul des plages, maillage des circulations douces piétons vélos cheval, fixation des dunes et canalisation du public, …).

        Les accès aux plages : amélioration des accès piétons et vélos, éloignement des voitures.

        Enjeux de réhabilitation/requalification

        Le port d’Arcachon et ses abords, la relation ville-port : réduction des emprises routières, amélioration de la convivialité urbaine.

        L’entrée de ville d’Arcachon et l’urbanisme commercialàautour de la A660 : requalification paysagère et urbaine.

        Le front de mer d’Arcachon : revalorisation architecturale, préservation d’un épannelage au bénéfice des dunes de la ville d’hiver en arrière-plan, à la merci de bâtiments trop hauts ou trop volumineux dans la ville d’été.

        J4. Le littoral ostréicole de La Teste au Teich

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        Situation
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        Entre le delta de la Leyre et Arcachon, la côte sud du bassin d’Arcachon s’allonge sur treize kilomètres. Elle concerne trois communes : le Teich, Gujan-Mestras et la Teste-de-Buch, raccordées entre elles par la RD 650, qui a cristallisé l’urbanisation historique. On y accède aujourd’hui par l’A660, la RD 1250 (Marcheprime) ou par le train, TER reliant Bordeaux au Bassin, dont la ligne passe sur les communes non loin du littoral.

          © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
          Bloc diagramme de l’unité J4 © Agence Folléa-Gautier

          Les communes concernées par l'unité de paysage J4

          • BIGANOS
          • GUJAN-MESTRAS
          • LA TESTE-DE-BUCH
          • LE TEICH
          Caractéristiques
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          Des ports ostréicoles nombreux et au caractère marqué

          Sur le littoral de La Teste au Teich, la multiplicité des ports ostréicoles, tous établis sur le même modèle, donne son caractère et sa spécificité paysagère à cette portion de côte du Bassin. L’Aiguillon, Lapin Blanc, Port de La Teste, Le Rocher, La Hume, Meyran, Port de Gujan, Port de Larros, Larros-le-canal, Port du Canal, La Barbotière, La Molle : chaque port offre le charmant et faux désordre de ses cabanes ostréicoles, construites en bois parfois coaltaré, coiffées de tuiles rouges, et flanquées à leurs abords de tout l’attirail nécessaire à la conchyliculture, à commencer par les tuiles chaulées utilisées pour fixer les naissains d’huîtres, dont le Bassin est le premier producteur national. L’ensemble s’allonge sur un chenal, dont les bateaux, la vase, les perches et les palplanches de bois, ajoutent au fort caractère des lieux.

          Des formes urbaines successives vers l’intérieur des terres, contraintes par les infrastructures de transport

          En retrait des ports, l’urbanisation n’a pas bénéficié des mêmes dispositions naturelles ou d’aménagement que le littoral Arcachonnais : absence de dunes et platitude du relief, sols soumis à la proximité de la nappe. Il en est résulté une urbanisation moins bourgeoise, plus modeste, établie sur des parcelles de plus petite taille, sans tissu boisé pour l’urbanisme. Elle s’est progressivement cristallisée en long autour de la RD 650 à partir des noyaux originels.

          Le secteur pâtit par ailleurs de la coupure que forme la ligne ferroviaire dans les tissus bâtis, difficile à franchir et contrariante pour la vie quotidienne, même si des arrêts de TER sont ménagés.

          En retrait de la RD 650, l’absence de principes de maillage dans les documents d’urbanisme a conduit à des lotissements plus récents dont le réseau de dessertes et d’espaces publics apparaît par endroits indifférencié, peu hiérarchisé et sans réelles continuités : tracés en impasses ou en boucles, absence de polarités de quartiers et d’espaces publics structurants. Les lotissements, autonomes, se juxtaposent plus qu’ils ne s’inscrivent dans une ville intercommunale.

          Des fils d’eau et des coupures d’urbanisation précieux et fragiles

          Si le littoral de la Teste au Teich ne bénéficie pas des dunes, il profite en revanche d’un chevelu naturel de fils d’eau qui traversent les quartiers et, à leur embouchure, sont chenalisés pour organiser les ports ostréicoles. Modestes ruisseaux, canaux ou simples fossés, ils présentent une grande valeur paysagère. La présence physique de l’eau valorise les espaces qu’elle traverse, par l’attirance qu’elle procure. Elle cristallise une végétation caduque en ripisylve, voire en forêt-galerie, qui contribue grandement à la diversité et à l’agrément des ambiances fraîches, à la fois ombrées et lumineuses, en contrastant fortement avec le pin maritime. C’est autour de ces fils d’eau qu’ont été maintenues, de façon par endroits ténue, des « coupures d’urbanisation » par les dispositions de la Loi Littoral. Elles jouent un rôle urbain important de structuration des quartiers et des communes, d’ambiance paysagère, de corridor écologique. Elles jouent également un rôle hydraulique en contribuant à gérer les situations critiques de hauteur d’eau (relief bas et plat, nappe affleurante, influence de la marée) : la forêt fait office de gigantesque bassin de rétention-absorption naturel.

          Autour du delta de la Leyre, la forêt cède la place aux prairies, cadrées par des haies bocagères, l’ensemble composant un paysage discret mais de grande qualité

          Malheureusement ces coupures, qu’elles soient forestières ou « prairiales », ne se sont pas réellement inscrites dans une trame paysagère plus globale, susceptible d’organiser le développement urbain intercommunal. On les a cartographiées dans les schémas directeurs successifs du Bassin, mais les dispositions de préservation, trop floues et insuffisamment accompagnées de dispositions d’appropriations et d’usages urbains, les ont laissées dans un statut de « contrainte » qui conduit à leur grignotage inexorable.

          Pourtant de bons exemples d’aménagement existent, qui valorisent le fil d’eau et la forêt qui l’accompagne dans la ville. Le ruisseau du Bourg, aménagé en promenade boisée généreuse, valorise l’entrée de ville de Gujan-Mestras en « route parc » par la rue de Césarée. Le canal des Landes s’environne d’un parc linéaire (parc de la Chêneraie) qui structure et valorise les quartiers adjacents. Souvent, dans les espaces les plus urbanisés du pourtour du Bassin, la coupure d’urbanisation permet le passage de circulations douces agréables, précieuses pour les liaisons interquartiers et le fonctionnement urbain des tissus habités.

          L’A660 : une arrivée sur le Bassin en voie de banalisation

          Au sud, l’A660 borde les secteurs urbanisés du Teich, de Gujan-Mestras, et de La Teste, et sert de ce fait d’entrée de ville et d’accès au Bassin pour tout le secteur sud. Ce rôle de porte d’entrée n’est malheureusement pas valorisé, malgré une politique de l’Etat engagée vers la qualité au travers du 1% « paysage et développement ». Ainsi, l’A660 voit ses abords progressivement colonisés par les équipements de loisirs et surtout l’urbanisation commerciale, sans qu’une maîtrise architecturale et paysagère d’ensemble émerge. Il en résulte une voie qui, de forestière, devient progressivement périurbaine au fur et à mesure que l’on se rapproche de la Teste. Par ailleurs, le confortement routier de la voie n’améliore pas le paysage, avec la largeur de la voirie, son imperméabilité physique, l’addition de dispositifs lourds comme les glissières de béton armé, les murs anti-bruits, etc. Une contradiction a émergé entre des dispositions routières et des dispositions d’urbanisation, sans qu’un projet de paysage cohérent ne conditionne à la fois les aménagements liés à la voie et ceux liés au développement urbain.

          Enjeux
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          Enjeux de protection / préservation

          Le tissu boisé : gestion et renouvellement dans les quartiers en place ; préservation à l’occasion des extensions d’urbanisation, intégration aux espaces privés mais aussi publics.

          Les coupures d’urbanisation : intégration dans une trame paysagère d’ensemble, organisatrice du développement urbain intercommunal.

          Les prairies du Teich : préservation et gestion, organisation de l’accueil du public, mise en valeur des franges bâties.

          Les fils de l’eau : préservation et reconquête des continuités physiques à leurs abords, requalification paysagère et architecturale des ouvrages et aménagements hydrauliques, réduction des coupures occasionnées par les infrastructures de transport et de déplacement, enrichissement de la ripisylve.

          Enjeux de valorisation / création

          La côte ostréicole :

          • revalorisation urbaine des espaces d’interfaces entre les ports et les centres-villes (RD 650),
          • valorisation urbaine des abords immédiats des ports ostréicoles et de plaisance pour en faire des centralités plus vivantes (habitat, bars restaurants, …),
          • valorisation d’une architecture contemporaine inspirée des ports (bois, pilotis, …), valorisation des accès, de l’accueil, des stationnements, … ;
          • requalification architecturale des secteurs ostréicoles banalisés (port du Rocher, …) ;
          • préservation, gestion, renouvellement, reconversion en douceur pour éviter l’abandon et la disparition des cabanes, encouragement et gestion de la mixité plaisance/ostréiculture.

          Les nouveaux quartiers, les extensions : limitation, pour encourager l’intensification urbaine des quartiers déjà en place ; intégration fine dans le tissu boisé préservé, inscription dans une trame paysagère d’ensemble, préservation des abords de l’eau laissés en circulation publique, maillage avec les quartiers adjacents, confortement des circulations douces, ambition architecturale contemporaine, promotion du matériau bois.

          Enjeux de réhabilitation / requalification

          La RD 650 : requalification urbaine de son linéaire, notamment des traversées de bourgs, intensification urbaine des centralités.

          La voie de chemin de fer et les quartiers adjacents : mutation vers un tram, plus urbain, plus perméable ; confortement urbain du tissu bâti existant autour, intensification urbaine.

          L’A660 : maîtrise qualitative de ses abords, requalification urbaine et paysagère de la voie et de ses abords colonisés par les zones d’activités, de faible qualité paysagère, générant une surconsommation d’espace, un dysfonctionnement en termes de transports et de déplacements et un risque d’apparition de friches.

          Les grands équipements et les parcs résidentiels de loisirs (hippodrome, aérodrome, golf, aqualand,…) : problèmes de grandes emprises privatisées : inscription dans une trame paysagère d’ensemble incluant les circulations douces, limitation des secteurs clos sur eux-mêmes et étanche.

          J5. Le littoral d’Andernos

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          Situation
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          La côte qui se déroule de Biganos à Arès en passant par Audenge, Lanton et Andernos, s’allonge sur 20 kilomètres entre le delta de la Leyre et l’embouchure du canal des Etangs. Elle constitue le fond du Bassin d’Arcachon : les chenaux sont plus étroits et la slikke plus étendue, rendant plus difficile l’implantation des ports ostréicoles ou de plaisance rencontrés sur les autres côtes. La mer se retire loin à marée basse, déposant moins de sable, ce qui limite le linéaire des plages. Aussi l’ambiance y est-elle moins balnéaire qu’ailleurs, certains diront plus authentique. L’ambiance maritime est tempérée par une ambiance terrienne, que révèlent en particulier les chênes, mêlés ici aux pins. L’immense forêt du plateau landais vient toucher la mer, à la faveur des coupures d’urbanisation boisées qui ont été préservées. Desservi par une RD 3 saturée en période estivale, le littoral d’Andernos se raccorde vers l’intérieur des terres et l’agglomération Bordelaise par la RD 106 (Lège-Cap-Ferret, Saint-Jean-d’Illac) et la RD 1250 (Biganos, Marcheprime, …).

            © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
            Bloc diagramme de l’unité J5 © Agence Folléa-Gautier

            Les communes concernées par l'unité de paysage J5

            • ANDERNOS-LES-BAINS
            • ARES
            • AUDENGE
            • BIGANOS
            • LANTON
            • LEGE-CAP-FERRET
            • LE TEICH
            Caractéristiques
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            Une forêt qui atteint la mer

            C’est sur le littoral de Audenge/Lanton/Andernos/Arès que le grand plateau forestier girondin atteint l’eau directement, sans l’intermédiaire du système dunaire : une rencontre rare à l’échelle régionale. Le manteau de pins s’enrichit ici de feuillus, de chênes en particulier, qui confèrent au lieu une image plus terrienne et moins maritime qu’ailleurs autour du bassin.

            Des coupures d’urbanisation structurantes

            Sur ce littoral, l’urbanisme et le végétal fonctionnent encore ensemble, mais plutôt sous la forme de grandes clairières, à la façon de l’airial. Les coupures d’urbanisation y jouent un rôle clef, donnant tout leur sens à chacune des stations : ce sont ces coupures forestières qui hiérarchisent l’espace de cette côte en en différenciant clairement les stations balnéaires ou les bourgs les uns des autres et en offrant la possibilité à la forêt d’atteindre l’eau. La coupure la plus nette est celle qui sépare Arès d’Andernos, bien lisible lorsqu’on emprunte la RD 3, et qui laisse la forêt toucher le Bassin à la Pointe des Quinconces. L’autre coupure nette sépare Lanton d’Audenge, dans laquelle se niche le domaine de Certes. En revanche, le long de la RD 3, les coupures entre Andernos et Lanton ainsi qu’entre Audenge et Biganos sont devenues plus résiduelles et plus fragiles.

            Un urbanisme identitaire, en voie de fragilisation

            Si les quartiers centraux offrent des qualités d’ambiances urbaines, jusqu’à un littoral valorisé en promenade de ville comme à Andernos, les quartiers habités en retrait offrent de belles ambiances lorsque le bâti dialogue de façon étroite et imbriquée avec la forêt.

            Localement, lorsque le couvert boisé se maintient jusque dans les parcelles privatives, lorsque les clôtures sont maîtrisées pour rester discrètes, et lorsque les espaces publics font une large part à l’herbe, sur les trottoirs et les placettes, l’ambiance d’ « airial urbain » offre des paysages de grande qualité.

            Ailleurs, les lotissements de maisons individuelles isolées dans des parcelles petites ont chassé la forêt, tout comme les zones d’activités, composant des espaces banals qui ne signent plus l’identité du Bassin.

            Quant aux quelques tentatives récentes d’opérations « denses », si elles s’inscrivent facilement dans les quartiers centraux, leur insertion dans une urbanisation beaucoup plus lâche, voire dispersée, n’est pas toujours aisée, ce qui renforce l’importance de travailler finement les transitions, les franges, les lisières.

            Des petits ports nichés en terre

            Aux coupures d’urbanisation s’ajoutent les petits ports, ostréicoles ou de plaisance, qui ponctuent la côte en rentrant dans les terres et composent ensemble l’autre valeur paysagère essentielle : port d’Audenge, de Cassy, de Robinville, de Taussat, d’Andernos, d’Arès. Pour certains d’entre eux, à proximité de la Leyre en particulier, l’ambiance terrienne ou boisée qu’ils offrent leur confère toute leur originalité.

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            Enjeux de protection / préservation

            Les coupures d’urbanisation et les fils de l’eau : protection et inscription dans une trame paysagère intercommunale, structurante pour le développement urbain ; gestion et même reconquête par des plantations judicieusement placées pour les coupures fragilisées.

            Les ports en terre : préservation de leur écrin naturel et agricole, maîtrise qualitative de leur aménagement.

            Enjeux de valorisation / création

            La RD 3 et les circulations : mise en place de tcsp (transport en commun en site propre), valorisation de la voie dans des dispositions urbaines.

            L’accueil sur le littoral : valorisation paysagère.

            Le vélo : confortement du maillage de pistes, voies et bandes cyclables à l’échelle intercommunale.

            L’urbanisation arrière littorale, les nouveaux quartiers, les extensions : limitation, pour encourager l’intensification urbaine des quartiers déjà en place et éviter l’étalement urbain ; composition en « airials urbains » : centralités secondaires structurantes du développement, associant le couvert boisé préexistant, la transparence visuelle et physique d’espaces publics enherbés, le maillage avec les quartiers adjacents, le confortement des circulations douces et des transports publics, l’ambition architecturale contemporaine, la promotion du matériau bois.

            Le futur « contournement » affiché au Schéma directeur et au projet : préservation de ses abords contre l’urbanisation commerciale banalisante, inscription qualitative dans le paysage sous forme de parkway forestier pérenne et géré (larges emprises), réduction des effets de coupures et de fractionnement des milieux. Mise en valeur paysagère des entrées de ville depuis cette nouvelle voie, création de plateformes intermodales en entrée de ville (stationnement véhicules/bus/vélo).

            Enjeux de réhabilitation / requalification

            L’atterrissement du fond du Bassin : la progression des schorres se constate à la colonisation des vases par des espèces halophiles comme la spartine de townsend (qui accélère le problème en piégeant les fines) ; l’exhaussement des fonds étant du au dépôt de matières en suspension dans les secteurs où le courant est trop faible pour les évacuer, courant affaibli par l’obstruction partielle des chenaux secondaires et le comblement des esteys.

            J6. Le Cap Ferret

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            Situation
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            Le Cap Ferret forme une étroite presqu’île entre le Bassin d’Arcachon et le littoral atlantique, large de 1 à 5 kilomètres. Bien qu’actuellement soumis à l’érosion maritime vers sa pointe et sa bordure est, il s’est progressivement allongé au fil des siècles et des millénaires, jusqu’à atteindre aujourd’hui 20 kilomètres entre Lège-Cap-Ferret et la Pointe. Le bout du monde privilégié qu’il offre, à l’interface de l’océan et de la mer intérieure du bassin, en fait un lieu de villégiature particulièrement prisé, d’autant que les dispositions d’aménagement ont su préserver le couvert des pins qui dominent les villas, ainsi que l’activité ostréicole qui se mêle aux pratiques balnéaires et plaisancières. Il est desservi par la RD 106, saturée en été.

              © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
              Bloc diagramme de l’unité J6 © Agence Folléa-Gautier

              La commune concernée par l'unité de paysage J6

              La commune de Lège-Cap-Ferret est concernée par cette unité de paysage.

              Caractéristiques
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              Des atouts multiples

              La Pointe du Cap Ferret bénéficie de nombreux atouts, hérités des dispositions naturelles et d’aménagement : elle offre à la fois la proximité de l’océan et celle du Bassin ; elle bénéficie du système dunaire, avec des reliefs capables d’ouvrir des vues dominantes vers le Bassin ; elle bénéficie d’une forêt domaniale protégée (forêt de Lège et Garonne) immédiatement accessible et parcourable à pied ou à vélo ; elle présente des ambiances urbaines de qualité grâce à l’imbrication étroite des villas sous les pins ; enfin elle offre l’originalité, sur son littoral Bassin, d’associer de façon étroite et imbriquée l’ostréiculture et les loisirs balnéaires : baignade ou plaisance. Cette cohabitation est un puissant facteur de qualité paysagère, en même temps qu’un système économique puisque la vente directe s’effectue facilement ; des restaurants permettent de profiter de la pêche et des productions marines in situ, dans un cadre à la fois simple et de grande qualité qu’augmentent les vues sur la mer et la dune du Pilat. Les villages ostréicoles, égrenés sur la côte, font rêver les vacanciers de robinsonnade, avec leurs maisons de poupées posées directement sur la plage au bord de l’eau : le Four, les Jacquets, Petit Picquey, Grand Picquey, Piraillan, le Canon, l’Herbe, Cap-Ferret, le Mimbeau. Leur valeur est largement reconnue, traduite par leur inscription à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

              Enjeux
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              Enjeux de protection / préservation

              La structure végétale de l’urbanisme : préservation, gestion, renouvellement, face à sa fragilisation progressive (vieillissement, abattages de sécurité, chablis liés aux tempêtes,…).

              Enjeux de valorisation / création

              La circulation : création de pôles d’intermodalités à l’entrée du Cap (stationnement véhicules/transport TCSP/vélo) - Confortement des circulations douces, notamment du maillage pour les vélos.

              Les centres : intensification urbaine, poursuite de la valorisation des espaces publics au bénéfice des piétons et vélos.

              Les plages côté bassin : valorisation paysagère.

              Les accès au littoral (notamment à la pointe) : valorisation au bénéfice des piétons et vélos, recul des stationnements, ombrages des stationnements et des cheminements, réduction des emprises minéralisées.

              Les bords du canal des Etangs : valorisation paysagère et environnementale, confortement de la ripisylve et gestion ; accueil de piste cyclable en plus du GR.

              Les sites naturels : poursuite de leur mise en valeur par la gestion de l’ouverture au public.

              Enjeux de réhabilitation / requalification

              Les dispositifs de lutte contre l’érosion : maîtrise qualitative.

              Les écosystèmes du Bassin d’Arcachon

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              Le bassin d’Arcachon est un système lagunaire. Ce milieu saumâtre résulte de la rencontre des eaux douces de la Leyre et des eaux océaniques. Il est soumis aux marées et, deux fois par jour, se vide au 2/3, laissant de vastes zones découvertes. L’incessante variabilité des conditions physiques (courant, salinité, nature des sédiments, profondeur…) a fait naître un écosystème d’une exceptionnelle richesse biologique et d’une grande productivité en termes de biomasse.

              Cet écosystème est fragile et menacé par le développement des activités humaines et de l’urbanisation, d’autant que l’évolution naturelle tend vers un comblement progressif de cette vaste zone lagunaire par les sédiments océaniques et terrestres.

              Le bassin d’Arcachon fait l’objet de nombreuses mesures de protection et de dispositifs permettant tant bien que mal de limiter urbanisation et pollution. Loin de faire l’unanimité, le delta de la Leyre, l’île aux Oiseaux, le banc d’Arguin, font toujours l’objet de controverses.

              L’estran

              L’alternance des submersions-émersions et leur fréquence ont déterminé un système de zonation de l’estran :

              • les vasières ou slikkes sont les zones inondées à chaque marée haute, et constituent le domaine des herbiers à zostères naines qui abritent une faune peu diversifiée mais très abondante (vers, mollusques, crustacés) servant de nourriture aux poissons (marée haute) et aux oiseaux (marée basse).Il s’agit du plus vaste herbier d’Europe (7000 hectares).
              • le schorre est recouvert lors des marées de vives-eaux et se caractérise par la présence de plantes halophiles (supportant le sel). Elles forment une couverture végétale dense et continue, d’une grande biodiversité (salicorne, aster maritime...). Le schorre assure des rôles importants : il protège le rivage contre l’érosion, a un pouvoir épurateur, abrite et nourrit la faune.
              • la zone parhalienne est un talus végétalisé qui sépare le schorre de la zone terrestre. Ce passage continu entre les formations halophytes et les formations terrestres est devenu très rare autour du bassin et constitue un intérêt écologique majeur.

              La production végétale de toutes ces zones est très élevée, ce qui en fait des milieux essentiels pour la faune (refuges, frayères, ressource alimentaire). De leur existence dépend la richesse du peuplement d’oiseaux du bassin d’Arcachon, mais aussi celle des peuplements de poissons, de mollusques et de crustacés exploités par l’homme.

              Ces milieux caractéristiques se retrouvent un peu partout le long des rives du bassin d’Arcachon mais ne présentent une superficie et une diversité importantes que sur deux secteurs, les prés salés d’Arès et les prés salés de Gujan-Mestras.

              Dans le premier cas, il s’agit d’un secteur particulièrement riche où s’observent également des plantes de l’étage méditerranéen, très rares dans la région. Cette situation a justifié la création d’une réserve, qui n’illustre malheureusement pas toute la diversité des paysages de ce secteur, notamment en ce qui concerne les zones humides terrestres.

              Les prés salés illustrent parfaitement ce que l’évolution naturelle, accélérée par les influences des activités humaines, peut provoquer. Les slikkes sont progressivement envahies par les spartines, ce qui abouti à un exhaussement des terrains, donc à une régression de l’influence marine. La zone parhalienne progresse avec un développement très important des roselières et du baccharis. Cette évolution aboutit à une régression des prés salés typiques (schorre).

              À Gujan-Mestras, la progression des aménagements portuaires a entrainé la disparition de superficies notables de schorre. Les prés salés qui subsistent présentent malgré tout une grande diversité floristique, essentielle pour le fonctionnement écologique du bassin d’Arcachon.

              Sur les autres secteurs, on assiste, du fait de l’envasement progressif du bassin d’Arcachon, à une progression lente de petites superficies de schorre.

              Parmi les autres milieux importants du bassin d’Arcachon, on citera les milieux sableux (plages et dunes) et les domaines endigués (bassins en eau, prairies et boisements humides).

              Les milieux sableux

              Moins connues que les vasières, les plages constituent pourtant des zones d’accueil de nombreuses espèces d’invertébrés, souvent spécifiques de ce milieu. Ces peuplements jouent un rôle important dans le fonctionnement du bassin, en tant que détritivores (consommation de la matière organique morte) ou en tant que ressource alimentaire pour l’avifaune.

              Les boisements dunaires jouent un rôle fondamental dans la stabilisation du trait de côte. Sur les communes de Lège et d’Arcachon, ces boisements présentent un sous-bois diversifié où se développent le chêne vert, l’arbousier, l’immortelle des dunes, le genêt à balais...

              Les domaines endigués et le delta de la Leyre

              D’abord étroitement enserrées dans le lit de la rivière, les eaux s’étalent dans les nombreux bras du delta pour rejoindre la lagune et devenir saumâtres. La fréquence d’émersion et de submersion des terres va croissante d’amont en avalà- inondation annuelle des secteurs les plus en amont, inondation saisonnière de la frange bordant le bassin à chaque grande marée, submersion aux rythmes des marées quotidiennes - créant ainsi une mosaïque de milieux humides plus ou moins saumâtres. Les roselières couvrent de vastes étendues dans la partie amont du delta et laissent place à des prairies humides. Avec le déclin de l’élevage extensif, celles-ci sont peu à peu envahies par des arbustes (baccharis, bourdaine, saules…).

              Situés dans la partie orientale du bassin et au niveau du delta de la Leyre et créés pour la production du sel puis la pisciculture, les domaines endigués (Certes-Graveyron, Escalopier, Malprat, Fleury…) ne sont plus exploités depuis le milieu du XXème siècle. Ils ne subissent plus l’influence des marées qu’au travers d’ouvrages hydrauliques qui permettent de faire entrer ou sortir l’eau de mer. Leur fonctionnement et leur évolution dépendent donc entièrement de la gestion humaine, aussi bien pour l’alimentation en eau que pour le maintien de surfaces en herbe (pâture, fauche).Ce mélange entre milieux terrestres, d’eau douce et d’eau saumâtre fournit également des milieux très riches qui jouent un rôle fondamental pour l’accueil d’une faune très variée d’oiseaux, d’amphibiens ou de reptiles, présents sur le bassin, qui ne se reproduisent que sur ces domaines. Situé sur une des grandes voies européennes de migration, le delta et les domaines endigués jouent un rôle d’importance internationale pour l’avifaune.

              Les domaines endigués et le delta de la Leyre constituent donc le plus souvent l’interface entre le domaine maritime du bassin d’Arcachon et le domaine terrestre du plateau Landais. Ils sont un exemple marquant de l’intérêt écologique que peuvent avoir des milieux façonnés par l’homme quand ce dernier s’appuie sur leur fonctionnement naturel. Ces domaines endigués ont donc un intérêt patrimonial multiple, en termes d’histoire, de paysage et d’écologie.