Dans le paysage de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), certaines figures incarnent à elles seules les valeurs de ce secteur. Laetitia Gouyou-Braud, directrice de la Régie Environnement Valorisation (REV), en fait partie. Depuis plus de 25 ans, elle met ses compétences au service d’un monde plus inclusif et respectueux de l’environnement.
Un engagement de toujours pour l’ESS
Dès le début de sa carrière, Laetitia s’est tournée vers l’ESS. Économiste de formation, elle débute en 1997 avec un emploi jeune au sein de l’Union Régionale des Entreprises d’Insertion (UREI). Séduite par les valeurs humaines et sociétales du secteur, elle évolue pendant 18 ans dans une entreprise de travail temporaire d'insertion (ETTI), dont 10 ans à la direction. Forte de cette expérience, elle rejoint en 2019 la Régie Environnement Valorisation (REV), une structure dédiée à l’insertion par l’activité économique et au développement durable.
« Ce qui me plaît dans l’ESS, c’est cette dualité entre l’économie et le social. Il faut allier viabilité économique et enjeu social », explique Laetitia.
Une mission : insérer et valoriser
REV, implantée à Camblanes-et-Meynac en Gironde, est un chantier d’insertion financé en partie par le Département, qui accompagne des personnes rencontrant des difficultés d'accès à l’emploi, notamment des allocataires du RSA et des chômeurs de longue durée. Grâce à des contrats à durée déterminée d’insertion et un accompagnement socio-professionnel, la régie aide ses salariés à réaliser leurs projets de vie, en valorisant les savoir-faire et les savoir-être.
A ce jour, REV accompagne 32 salariés en parcours d’insertion et 11 salariés permanents (accompagnateurs socioprofessionnels, comptable, encadrants…)
Ses activités couvrent plusieurs domaines : entretien des espaces naturels et sensibles, berges de rivière, pistes cyclables, chemins de randonnées, propreté urbaine… REV travaille principalement avec des collectivités et des entreprises locales, mais propose aussi ses services aux particuliers. Toutefois, comme l’explique Laetitia, la baisse des financements publics complexifie l’équilibre entre mission sociale et viabilité économique.
Accompagner au-delà du travail
Chaque matin débute par un rituel : Laetitia est la première arrivée au bureau, prête à accueillir l’ensemble de ses salariés dans la bonne humeur. Son rôle est double : organiser le travail de l’ensemble des équipes et veiller à ce que chacun se rende sur son chantier. Les équipes, encadrées par un professionnel, sont constituées de 4 à 5 salariés.
Au-delà de l’activité professionnelle, REV met en place, avec une équipe de bénévoles, des actions pour favoriser le lien social et l’insertion globale de ses salariés. Parmi elles, l’atelier cuisine, organisé chaque mercredi matin depuis deux ans, permet aux salariés de partager un repas équilibré à un prix symbolique, grâce aux invendus donnés par la coopérative paysanne.
D’autres ateliers viennent compléter l’accompagnement : gestion budgétaire, code de la route, droits et devoirs du salarié et laïcité…
Ces initiatives sont essentielles, elles permettent de recréer du lien, d’échanger et de donner des outils concrets aux salariés pour une insertion réussie.
Une femme engagée dans un secteur en mutation
Être une femme dans l’ESS n’est pas un défi en soi pour Laetitia, mais le secteur lui-même traverse une période compliquée.
« On nous demande d’insérer plus en ayant moins de moyens », souligne-t-elle.
Pour autant, elle reste convaincue que l’ESS a un rôle clé à jouer dans la société.
« L’ESS s’est construite en période de crise, et c’est en innovant que nous arriverons à maintenir nos actions. Il faut persévérer, car l'impact sur les territoires auprès des bénéficiaires et des habitants est immense. »
Elle encourage d’ailleurs les jeunes, et notamment les femmes, à se lancer dans ce secteur riche en valeurs et en rencontres, à condition d’être prêtes à s’y investir pleinement.
Un message pour l’avenir
Avec son expérience, Laetitia Gouyou-Braud porte un regard à la fois lucide et optimiste sur l’avenir de l’ESS. Elle se réjouit de voir que des formations spécifiques émergent, permettant aux nouvelles générations de mieux comprendre les enjeux de ce secteur.
Son conseil aux femmes qui souhaitent s’engager ?
« Il faut être armée, formée, et surtout venir avec des valeurs. L’ESS, c’est un investissement total, mais c’est aussi un secteur profondément humain et gratifiant. »
En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, Laetitia incarne un engagement inspirant pour celles et ceux qui souhaitent bâtir un monde plus solidaire et durable.