L’enfant et les écrans

Les écrans font désormais partie du quotidien de nombreuses familles et donc des jeunes enfants. En tant qu'assistant.e maternel.le, vous pouvez également être confronté.e.s à cette question que ce soit à travers la demande des parents ou celles des enfants.

Pour vous aider à vous positionner face à ces demandes, nous vous proposons le point de vue de Marie Brossier, psychologue de PMI au Département de la Gironde ainsi que des situations vécues par des assistantes maternelles pendant l’accueil en lien avec les écrans, analysées par le Docteur Anne-Lise Ducanda, médecin de PMI et cofondatrice du collectif Sur Exposition Ecrans.

Point de vue de Marie Brossier, psychologue de PMI

Nous assistons depuis une vingtaine d’années à la prolifération des écrans qui font désormais partie du quotidien de beaucoup de familles et donc des tout-petits. La question se pose alors de savoir quelle influence ils peuvent avoir sur le développement des jeunes enfants.

Avant trois ans, l’enfant se construit en agissant sur le monde. Il a besoin de jouer, manipuler, construire, transformer, imiter et surtout d’interagir avec les personnes qui l’entourent.

C’est en expérimentant son environnement par le biais de ses cinq sens (la vue, le toucher, l’ouïe, le gout et l’odorat), de sa proprioception (perception consciente, ou non, de la position des différentes parties du corps), de son équilibrioception (sens de l’équilibre) et en s’appuyant sur la relation avec un adulte qui répond à ses sollicitations, que l’enfant va développer ses aptitudes.

Or, les écrans créent les conditions exactement opposées à celles dont l’enfant a besoin pour se développer. En effet, les stimulations proposées par les écrans s’avèrent pauvres et inadaptées aux besoins des tout-petits. Les écrans viennent l’envahir de stimulations visuelles et auditives que ses sens en cours de maturation ne sont pas encore en capacité de supporter.

La présence des écrans réduit également et de manière significative les interactions qu’un enfant a avec son environnement et son entourage qui sont pourtant la meilleure source de stimulation pour lui.

L’enfant de moins de trois ans ne gagne, donc, en rien à la fréquentation des écrans puisque leur utilisation se fait au détriment d’activités essentielles pour son développement. Les écrans ne pourront jamais remplacer la richesse d’un échange ou les jeux traditionnels. Ils sont donc très clairement déconseillés chez les tout-petits, même en vigilance raisonnée et de façon accompagnée.

Une surexposition aux écrans chez les enfants en bas âge (moins de trois ans) peut donc perturber le développement de toutes leurs compétences (attention, concentration, motricité, langage, gestion des émotions, développement cognitif, lien social…).

C’est pourquoi Serge Tisseron a développé « la règle 3-6-9-12 » (disponible en liens utiles ci-dessous) afin de donner des repères en fonction de l’âge de l’enfant. Il s’agit, là, de concilier la nécessité de protéger les enfants les plus jeunes des écrans, et celle de leur apprendre progressivement à s’en servir, « pour mieux savoir s’en passer ».

Une prise de conscience ainsi qu’une prévention et un accompagnement des professionnels de la petite enfance et des jeunes parents dans un savoir autour des écrans s’imposent donc afin de diminuer les risques qui y sont associés.

Quelques situations vécues pendant l’accueil

Lors de l’entretien d’accueil, des parents expliquent à l’assistante maternelle, que leur fille de 11 mois, ne mange que devant la télévision ou le téléphone, sinon elle ne mange rien.

L’assistante maternelle explique, qu’elle a l’habitude de chanter des chansons ou des comptines pendant les repas et que les enfants apprécient cette attention. Elle indique qu’elle fera de même avec leur petite fille car elle n’envisage pas d’utiliser d’écrans sur les temps de repas.

Un enfant de 18 mois demande des dessins animés à l’assistante maternelle en montrant la télévision.

L’assistante maternelle explique à l’enfant qu’elle n’allumera pas la télévision et lui propose des jeux.

Une petite fille de 2 ans se jette sur le sac de sa maman quand elle arrive le soir chez l’assistante maternelle pour regarder une vidéo sur le téléphone.

L’assistante maternelle estime difficile de reprendre ce fait avec les parents, car cela concerne ce qui se passe chez eux et non pendant l’accueil. Elle indique quand-même que chez elle, il n’y a pas de télévision ou de téléphone à disposition des enfants.

L’objectif est de proposer une alternative à l’enfant en reportant son attention sur une autre activité que vous allez partager avec lui : jeux, sortie, comptines, lecture, … Le jeune enfant a avant tout besoin d’interactions avec l’adulte et son environnement pour bien se développer.

Vous pouvez vous servir de votre expérience, de votre savoir-faire et de votre connaissance de chaque enfant pour faire des propositions et donner des idées aux parents. Cela permet de faire du lien entre ce qui se passe à la maison et chez vous.

Si cela vous semble opportun, vous pouvez également orienter les parents vers la PMI.

Vous pouvez aussi faire appel à la puéricultrice de PMI référente sur votre secteur en cas de questionnement sur un enfant et /ou pour vous accompagner dans la communication avec les parents.

D’autres ressources peuvent vous aider dans votre pratique :

  • Le guide départemental des bonnes pratiques (page18) accessible ici ;
  • La formation continue (par ex le module « Comprendre l’impact des écrans pour mieux accompagner l’enfant et sa famille » du catalogue Ipéria) ;
  • L’analyse des pratiques professionnelles ;
  • Les actions de professionnalisation proposées par votre relais petite enfance.

En tant qu’accueillant des jeunes enfants et professionnels de la petite enfance, vous jouez un rôle essentiel en faveur de la santé et du bon développement de l’enfant.

Pour aller plus loin, découvrez le livre d'Anne-Lise Ducanda, Les tout-petits face aux écrans : Comment les protéger aux Éditions du Rocher, Monaco.