Les diagnostics des territoires réalisés en 2018 ont permis de dégager des constats très nets :
- une saturation commerciale de la Gironde
- dont les effets seront aggravés par les mutations à l’œuvre dans le secteur du commerce
Entre 2010 et 2017, l'espace réservé aux grandes et moyennes surfaces en Gironde a connu une croissance de 30%. Sur la même période, la croissance démographique et l'évolution de la démarche de consommation ont été seulement de 9%.
Ces chiffres illustrent bien la déconnexion entre les développements commerciaux et les évolutions socio-démographiques réelles.
Aussi, le Département fait aujourd’hui le constat d’une saturation commerciale à l’échelle départementale. Pour autant, d’importantes disparités sur le niveau d’équipement commercial des territoires demeurent.
Cette surabondance de l’offre commerciale se fait au détriment d’un commerce traditionnel toujours plus fragile. L’offre commerciale est de plus en plus détournée des centres-villes et des centres-bourgs et la part des dépenses des Girondins auprès des grandes et moyennes surfaces continue de s’accroître. Elle a pour effet :
- Une vacance commerciale de plus en plus forte dans les cœurs de villes mais aussi les galeries marchandes,
- L’apparition de friches commerciales qui entachent l’attractivité des sites commerciaux.
Les effets de ce constat sans appel seront aggravés par les mutations sans précédents auquel est actuellement confronté le secteur du commerce. Portées par le développement du e-commerce, mais aussi par l’essor de nouveaux modes de consommation, l’aspiration des consommateurs à un retour à la centralité et à la proximité, le succès de la consommation collaborative, la recherche d’une consommation éthique ou encore par des contraintes plus fortes sur le budget des consommateurs (coût du logement notamment), cette mutation impacte fortement les formats de vente physiques : magasins, parcours marchand et zones commerciales.
Face à ces constats, le Département a adopté les Orientations Départementales pour un Aménagement Commercial de la Gironde.
Elles s’articulent autour de 4 orientations.
Corréler les développements commerciaux aux dynamiques socio-économiques des territoires de SCoT
Le diagnostic urbain et commercial de la Gironde pointe la déconnexion complète entre l’évolution des m² commerciaux et l’évolution de la population, et les risques inhérents à une surproduction commerciale (vacance commerciale, création de friches). Aussi un enjeu majeur est de réguler les futurs développements commerciaux en fonction de l’évolution de la démographie et de l’emploi à l’échelle du SCoT.
Cette orientation permet de garantir l’équilibre entre l’évolution des m² supplémentaires en Grande et Moyennes Surfaces (GMS) avec l’accueil de nouveaux habitants et l’évolution des emplois.
Il s’agit d’adapter les nouvelles offres commerciales au besoin du territoire, et non l’inverse.
Les disparités d’équipement des territoires amènent à adopter 2 logiques :
- Une logique de confortement de l’offre sur les territoires dont l’offre est déjà dense et diversifiée.
- Une logique de développement de l’offre pour les territoires qui présente un potentiel de nouvelles implantations.
Localiser les projets en fonction de leur impact sur le territoire
Cette orientation doit permettre d’organiser et de structurer les développements commerciaux en fonction des besoins des opérateurs mais aussi de l’impact des projets sur l’aménagement du territoire et l’animation des communes, en s’appuyant sur la nomenclature des activités par fréquence d’achat et sur le SDAASP. En fonction de leur activité, les surfaces commerciales ont des besoins et des impacts différents, notamment en matière d’accessibilité, de taille de la surface exploitée ou encore de capacité à contribuer à l’animation d’un centre-ville, de rayonnement de l’offre et de dimension de zone de chalandise.
Ainsi, l’offre commerciale à dominante alimentaire, jouant un rôle d’animation locale particulièrement important, sera privilégiée dans un format de proximité et un maillage fin du territoire, a contrario des hypermarchés.
Concernant l’offre non alimentaire, une logique de concentration en fonction de la fréquence d’achat sera privilégiée.
Insérer les projets dans leur environnement urbain et commercial
L'objectif est de rompre avec le modèle historique de développement des zones commerciales périphériques.
Le Département de la Gironde préconise de :
- Réduire la consommation foncière, en privilégiant la requalification des friches, voire la densification des espaces existants avant d’envisager la création de nouveaux pôles commerciaux.
- Privilégier les projets de développements commerciaux vertueux en matière d’insertion urbaine et d’environnement : en les localisant au sein de la tache urbaine, en veillant à des projets économes en énergie et en eau ou encore en garantissant une bonne intégration paysagère.
- Favoriser l’accessibilité multimodale au projet, en localisant les nouveaux projets au regard de l’offre de transport collectif existante, à proximité des zones d’habitat et des centre villes, et en prévoyant les cheminements piétons et cyclistes.
Les orientations participent de la stratégie de limitation de la consommation foncière et de l'étalement urbain au service de la préservation et de la valorisation des espaces naturels, agricoles et forestiers poursuivie par la politique foncière départementale. En savoir plus.
Veiller à la complémentarité des espaces commerciaux de périphérie et de centres-villes
Afin de limiter la dévitalisation des centres urbains, les ODAC33 préconisent une complémentarité entre les implantations commerciales de centralité et de périphérie. Aussi il est recommandé de limiter le développement de petits commerces en zone commerciale, et de réserver ces zones périphériques aux commerces de plus de 300 m².
Afin de limiter l’apparition de friches commerciales et ainsi de préserver l’attractivité des espaces commerciaux, les ODAC33 soulignent la nécessité d’un juste dimensionnement des projets au regard de l’offre existante au sein de la zone de chalandise.