C. L'estuaire et ses rivages

Au-delà du Bec d’Ambès, rejeton terrestre de ces eaux, la rencontre entre Garonne, Dordogne et Atlantique donne ici naissance à un estuaire hors d’échelle, paysage aquatique majestueux qui longe les terrasses alluviales du Médoc en rive gauche, les marais de Braud-et-Saint-Louis en face. Les eaux des deux fleuves ont longtemps enrichi ces rives de nombreux matériaux, constituant d’une part des terrasses de graves bien drainantes, propices au développement du vignoble, et d’autre part des palus que le travail de l’homme a rendu exploitables en prairies et labours. Depuis les berges de la Gironde s’étalent donc les marais cultivés et pâturés, organisés par de complexes réseaux de drainage et accueillant des ports presque en pleine terre, surplombés par des pentes aux vignes soigneusement cultivées et ponctuées de châteaux.

Le plus vaste estuaire d’Europe se divise en un grand nombre d’unités de paysage, depuis sa naissance à la confluence Dordogne-Garonne jusqu’à son embouchure maritime. A la rencontre des deux fleuves, l’accumulation d’alluvions a formé le Bec d’Ambès, extension marécageuse de l’Entre-Deux-Mers. En rive droite, un ancien méandre a laissé la place au marais de Prignac-et-Marcamps, replat agricole au pied des coteaux de Bourg, annonciateur des plus vastes espaces agricoles du marais de Braud-et-Saint-Louis, en aval. En rive gauche, après les palus de Ludon-Médoc, terres humides aux portes de Bordeaux, les terrasses graveleuses et marais forment différents paysages dans le Médoc viticole : le Médoc de Margaux et ses vignobles prestigieux ; la clairière de Listrac, encadrée par le massif forestier ; le Médoc de Pauillac, résolument tourné vers l’estuaire ; le Médoc de Saint-Christoly, territoire partagé entre vignes et marais ; le Médoc des Mattes, aux terres gagnées sur les eaux, nettement marqué par les marais agricoles. A l’embouchure enfin, la pointe de Grave forme la connexion entre Gironde et Atlantique, et clôture les paysages de l’estuaire et ses îles. Onze unités de paysages se dégagent ainsi pour l’estuaire :

C1. Le Bec d’Ambès

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Avec la confluence de la Dordogne et de la Garonne naît le plus grand estuaire d’Europe, et à ce point de rencontre s’étire le Bec d’Ambès, langue d’alluvions accumulées lentement par les deux fleuves. Si la presqu’île ainsi formée prolonge les derniers reliefs des collines calcaires de l’Entre-Deux-Mers, elle appartient davantage, par sa position et surtout par ses paysages, aux berges de la Gironde. Continuant aujourd’hui encore à accumuler des dépôts, s’étirant imperceptiblement vers l’aval, cette avancée d’une dizaine de kilomètres accueille à la fois agriculture, urbanisation et implantations industrielles, sur des terres marécageuses transformées par l’homme au fil des siècles.

    © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
    Bloc diagramme de l’unité C1 © Agence Folléa-Gautier

    Les communes concernées par l'unité de paysage C1

    • AMBARES-ET-LAGRAVE
    • AMBES
    • BASSENS
    • SAINT-LOUBES
    • SAINT-LOUIS-DE-MONTFERRAND
    • SAINT-VINCENT-DE-PAUL
    Caractéristiques
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    Des berges à l’occupation ancienne

    Au long des berges, les deux fleuves ont formé des bourrelets alluvionnaires, légèrement surélevés et dont les sols présentent une bonne qualité agronomique. Ces terres ont donc accueilli de longue date les principales implantations - villages, vignes, et plus récemment industries - tandis que le cœur, bien plus humide, était géré en pâtures et marais de chasse. Avant même le tracé de routes sur le Bec d’Ambès, la possibilité d’y accoster en bateau depuis Bordeaux rendait ces rives attractives : la noblesse y a fait construire, dès le XVIIème siècle, des demeures de villégiature (bien visibles sur la carte de Belleyme). Cette tendance se confirmera avec le développement de la viticulture sur ces terres fertiles, durant les XVIIIème et XIXème siècles.Aujourd’hui, la D10 offre un itinéraire privilégié de découverte des paysages de berges. Elle traverse des configurations variées, profite de la présence du patrimoine bâti ancien, partiellement préservé, et offre des vues inégalées sur la Garonne comme sur la Dordogne. Au long d’un corridor végétal présentant différentes ambiances arborées - qu’il s’agisse d’alignements plantés ou bien de haies développées spontanément - des ouvertures se dessinent, plus ou moins importantes, et offrent un contact de proximité avec le fleuve. Mais l’importance et la vitesse de la circulation sur ces routes ne permettent pas de profiter de ce potentiel : le trafic lié aux zones industrielles reste important (malgré la proximité de la D113) et très peu d’endroits laissent la possibilité de s’arrêter.

    Des terrains humides héritiers d’une histoire riche

    Entre ces bourrelets s’étendent des terrains plats, favorables à la formation de marais, qui ont connu une évolution très différente des berges. Une grande partie de ces terrains marécageux, appartenant à la baronnie de Montferrand, a été donnée aux habitants à la fin du XVIème siècle, qui pouvaient en user pour la chasse, la pêche et l’élevage. Louis XIV en demanda l’assèchement en 1653, ce qui entraîna la création de plusieurs marais, plus ou moins drainés, certains cultivés et d’autres non. La gestion collective s’est prolongée après la disparition de la baronnie, engendrant de multiples conflits, jusqu’à ce qu’un syndicat intercommunal soit créé en 1872, donnant pouvoir aux sept communes du territoire sur ces terres. De ces transformations, apparaît aujourd’hui un paysage de prairies humides, parcourues de jalles et de fossés, ainsi que de petits plans d’eau pour la chasse ; le pâturage étant le mode d’exploitation traditionnel de ces terrains. A la fin du XIXème siècle, le Bec d’Ambès devint un territoire clef de la production viticole : il se développe durant la crise du phylloxéra, alors que la plupart des vignobles subissent de plein fouet les attaques de la maladie. En effet, l’immersion temporaire des pieds de vigne à certains moments de l’année permettait de résister efficacement au champignon. Les marais du Bec d’Ambès, avec leur système hydraulique construit et contrôlé par l’homme, offrirent donc une configuration idéale. Mais si le vin ainsi produit a tenu un rôle commercial majeur, il n’était pas d’une grande qualité et les vignes régressèrent rapidement après cette période de crise. Aujourd’hui, quelques parcelles sont encore présentes, toujours à proximité des berges, mais dans une proportion très réduite.Les évolutions les plus récentes ont vu de grandes parcelles cultivées s’implanter autour des marais, dessinant des paysages ouverts sur de larges horizons. Les bocages plutôt fermés par les ripisylves des canaux laissent donc la place à de vastes champs, souvent semés de maïs, qui tendent souvent à s’étendre sur le bourrelet alluvionnaire, empiétant sur ses paysages particuliers.

    Des paysages de ’nature industrielle’ à valoriser

    Parallèlement à la rive droite de la Garonne, une voie ferrée s’étire jusqu’à la pointe, desservant ainsi les multiples complexes implantés au long du fleuve. En effet, si la partie sud de cette berge reste dévolue à l’habitat - mises à part quelques zones d’activités - le nord de la pointe est le domaine privilégié des emprises industrielles, qui profitent à la fois de la proximité de Bordeaux et de deux rives navigables. Séries de cuves de stockages, pipelines, cheminées ou hangars se succèdent, parfois accompagnés par des haies et alignements plantés ou spontanés, parfois en vis-à-vis avec de larges espaces agricoles ouverts. Autour du point de repère que forment les cheminées de la centrale thermique, les lignes à haute tension rayonnent à travers la presqu’île, imposant cette présence dans la majorité de ses paysages. L’extrémité nord est totalement annexée par l’ancienne raffinerie de pétrole (en activité de 1939 à 1987) qui s’étend sur près d’un kilomètre et demi. Cette occupation empêche toute approche du point de confluence, alors que cette pointe représente un endroit stratégique pour la perception et la compréhension des paysages de l’estuaire, offrant notamment d’amples ouvertures sur l’estuaire naissant et les vifs coteaux viticoles de la rive droite. Certaines de ces industries bénéficient d’un accompagnement végétal, qui peut parvenir à assurer l’équilibre avec les paysages du Bec d’Ambès, mais d’autres s’inscrivent à l’horizon de vastes parcelles ouvertes, s’imposant visuellement avec un impact hors d’échelle par rapport à l’importance de leur emprise. L’inscription de ces bâtiments dans leur site demande un travail sur le potentiel végétal de leurs abords, et l’accès par le public de certains de ces sites doit aussi être pensé selon leurs contraintes particulières (zone SEVESO, pollution des sols). Les gravières (au centre et au sud-ouest de la presqu’île) participent aussi de cette nature industrielle, qu’elles soient encore en activité ou non. Dans le premier cas, leurs équipements d’extraction et de transport sont des éléments constitutifs du paysage, au même titre que ceux des complexes du nord, et doivent donc être accompagnés et inclus dans leur environnement. Dans le second cas, elles sont souvent transformées en équipements de loisirs : les nouveaux aménagements devraient alors tirer parti des paysages préexistant alentour, afin de s’intégrer dans l’histoire et les structures de ce territoire particulier pour les mettre en avant.

    Une urbanisation sous l’influence de l’agglomération

    Au sud de la presqu’île, l’urbanisation des communes de Saint-Louis-de-Montferrand et Saint-Vincent-de-Paul se propage au fil des routes, sans prise en compte réelle des territoires concernés. Constituées d’un pavillonnaire lâche, qui occulte souvent les vues vers les paysages en retrait, ces extensions doivent être maîtrisées, afin de préserver des coupures d’urbanisation. Celles-ci sont importantes au sortir de l’agglomération bordelaise, et offrent une première approche des paysages du Bec d’Ambès. La ville d’Ambès, quant à elle, garde pour l’instant une forme assez compacte, contrainte par la Dordogne côté nord-est, les lignes à haute tension et la D113 côté sud-ouest. Cette configuration, menacée par quelques extensions récentes, est un avantage qui mérite d’être valorisé par un travail sur les lisières bâties de la commune.Les berges en zone urbaine peuvent être un vrai atout et nécessitent un travail de valorisation : privatisées comme à Ambès ou affublées d’aménagements médiocres comme à Saint-Louis-de-Montferrand, elles n’offrent pas aux populations locales tout leur potentiel. Encore sous l’influence de la marée, elles profitent donc de milieux assez riches et permettraient de développer des espaces publics de qualité, valorisant ce patrimoine.

    Enjeux
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    Enjeux de protection / préservation

    La croissance urbaine et les extensions au fil des routes : densification des cœurs de villages (dents creuses...), définitions de zones constructibles bien délimitées, valorisation des points de rencontre urbanisation / agriculture.

    Le réseau hydraulique des marais : gestion hydraulique par le réseau traditionnel, entretien des canaux, valorisation de ce patrimoine (itinéraires de promenade).

    Les paysages de prairies bocagères : relance de la pratique de la pâture, protection et renouvellement des haies, valorisation de ces paysages (itinéraires de promenade).

    Les coupures d’urbanisation - ces espaces de transition permettent de distinguer les paysages agricoles habités du Bec d’Ambès du tissu urbain continu de l’agglomération bordelaise : définition de zones non-constructibles, préservation et reconstitution du bocage autour des villages.

    Enjeux de valorisation / création

    Les paysages riches des rives - catalyseurs de l’occupation ancienne de ce territoire (patrimoine bâti, digues anciennes, présence de vignoble...) : valorisation de ce patrimoine, gestion de la végétation aux abords de la route (plantation d’alignements, maintien d’ouvertures visuelles vers les fleuves), aménagement de points d’arrêt et d’accès aux berges.

    La pointe du Bec d’Ambès - ce site clef de lecture des paysages de l’estuaire est aujourd’hui fermé : création d’un site aménagé accessible au public, mise en relation avec les itinéraires des rives du Bec d’Ambès.

    La présence de la vigne à proximité des berges : assurer le maintien des parcelles viticoles existantes, soutien au développement de la vigne.

    Les extensions urbaines futures : inscription des projets dans les structures paysagères existantes (bocage, réseau hydraulique).

    Les berges en zones urbaines : valorisation de ces sites, aménagement d’espaces publics de qualité reliant ville et fleuve.

    Enjeux de réhabilitation / requalification

    La gestion et l’usage communautaire du marais : préservation du statut particulier des marais municipaux, ouverture à un public autre que les chasseurs (itinéraires de promenade, espaces naturels pédagogiques...).

    L’inscription des activités industrielles dans le paysage : accompagnement végétal des installations lourdes, aménagement des lisières bâties, inscription des étangs issus de l’exploitation des gravières dans le paysage, développement d’une image de "nature industrielle".

    L’urbanisation compacte d’Ambès : maintien de cette forme urbaine cohérente, aménagement des lisières bâties.

    C2. Le marais de Prignac-et-Marcamps

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    Situation
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    En contrebas des collines du Blayais et du Cubzadais, le marais de Prignac-et-Marcamps forme une petite unité d’à peine quatre kilomètres sur deux, ouverte sur la Dordogne. Encadré par des versants assez doux, il dessine un paysage très ouvert, dont les limites correspondent plus ou moins au tracé de la RD669.

        © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
        Bloc diagramme de l’unité C2 © Agence Folléa-Gautier

        Les communes concernées par l'unité de paysage C2

        • BOURG
        • CUBZAC-LES-PONTS
        • PRIGNAC-ET-MARCAMPS
        • SAINT-ANDRE-DE-CUBZAC
        • SAINT-GERVAIS
        • SAINT-VINCENT-DE-PAUL
        • TAURIAC
        Caractéristiques
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        Un relief doux qui dessine des limites nettes

        Le paysage très plat du marais est entouré de versants légèrement pentus, qui marquent l’amorce des collines viticoles de l’arrière-pays. L’ensemble correspond à un ancien coude de la Dordogne, comblé par des apports d’alluvions fluviatiles. Les digues constituées en bordure du fleuve ont permis de parachever ce processus et de rendre ces terres exploitables. Les fonds du marais correspondent à une altitude moyenne de trois à quatre mètres, tandis que les versants s’élèvent à une trentaine de mètres, offrant de larges vues dégagées : très ouvert, le paysage se révèle depuis les pieds de coteaux viticoles jusqu’à la Dordogne elle-même.

        Un réseau hydraulique qui structure le paysage

        Le Moron constitue le cours d’eau principal des marais, complété par quelques modestes affluents de la Dordogne comme l’Estey de la Molière. Si ces ruisseaux s’écoulent directement dans le fleuve, un autre réseau organise le paysage : de nombreux fossés de drainage le structurent en constituant le parcellaire. Jouant un rôle majeur dans la mise en cultures de ces terres humides, ces fils d’eau participent également de la qualité paysagère : les haies arborées qui accompagnent certains d’entre eux rythment les horizons des champs très ouverts, tout en favorisant la biodiversité.

        Autour du cours du Moron, des habitats riches ont été répertoriés au titre des ZNIEFF de type 1, témoignant de la qualité des milieux humides. Boisements humides - issus principalement de parcelles enfrichées - et roselières sur les bords de la rivière constituent des milieux naturels précieux.

        Une agriculture variée et équilibrée

        Contrairement aux collines du Blayais, au nord, largement dominées par la viticulture, le marais de Prignac-et-Marcamps accueille une agriculture bien diversifiée : vignes, prairies et cultures s’y partagent l’espace en une composition assez équilibrée, source de paysages complexes et riches. L’organisation qui se dessine laisse aux vignes les versants secs sur les pentes du pourtour du marais, mais on trouve également des parcelles viticoles en bordure du fleuve. Les grandes parcelles de maïsiculture ouvrent de larges horizons, tandis que les prairies, si elles peuvent s’étendre sur des échelles similaires, sont souvent accompagnées d’arbres qui enrichissent avantageusement le paysage. Quelques parcelles boisées complètent ces paysages : des peupleraies - encore peu étendues - à proximité des berges et des boisements humides au sud de Prignac-et-Marcamps, en contrebas de la vigne.

        Une urbanisation peu développée, mais qui fragilise le paysage

        Dans le contexte largement habité des collines viticoles alentour, le marais offre de grands espaces peu investis par l’habitat, constituant un agréable et précieux espace de respiration. On ne trouve pas de vraie densité bâtie dans le marais, mais une série de hameaux occupe les hauteurs des pentes au fil de la RD669, tandis que les berges ont été investies par quelques lieux-dits à vocation portuaire. La plupart de ces groupements ont pour origine un noyau ancien - qui peut se limiter à une ferme ou une église isolée - autour duquel se sont greffées de nouvelles constructions : l’occupation première de ce territoire, très dispersée, n’a pas favorisé un développement urbain cohérent. Si les extensions ne sont pas encore nombreuse, elles se diffusent et sont facilement perceptibles dans le paysage ouvert.

        Bien implantés sur les crêtes, les villages de Saint-André de Cubzac, Saint-Gervais et Prignac-et-Marcamps surplombent le marais et offrent de belles silhouettes, parfois valorisées par des murs dessinant un socle régulier.

        De même, les châteaux viticoles - château Grissac, château Grand-Jour, château Gombaud - positionnés à mi-pente dominent leur vignes et contribuent grandement à la valeur paysagère et patrimoniale du marais : la qualité de leur architecture dessine des ensembles bâtis valorisants, implantés avec subtilité dans leur site. Les petits parcs boisés et les allées plantées qui les accompagnent complètent les structures végétales du marais et enrichissent les paysages.

        Mais le petit patrimoine rural tend à se dégrader, ainsi que certaines habitations à l’abandon - notamment dans le secteur du marais, plus touché par ces dégradations que le bâti des versants. Le risque d’inondation explique en partie cet état de fait : les implantations sur les berges ou dans les terres basses sont directement exposées à ce danger, et donc facilement délaissées. Ainsi, bien qu’il constitue un hameau d’une forme urbaine intéressante, le port de Plagne souffre de la présence de ruines bâties qui le dévalorisent sur les berges, tandis que les extensions récentes se bâtissent plus en hauteur, sans connexion avec l’implantation ancienne.

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        Enjeux de protection/préservation

        Les milieux naturels autour du Moron : protection des habitats naturels, ouverture raisonnée au public, gestion de l’enfrichement par fauche ou pâtures.

        Le patrimoine architectural (châteaux, petit patrimoine) : repérage, classement, et inscription aux documents d’urbanisme, entretien et rénovation.

        Enjeux de valorisation/création

        Les hameaux anciens : constitution de centralités par densification et requalification.

        Les bords de Dordogne : création de circulation douce continue.

        Le réseau des fossés de drainage : gestion et renouvellement des structures végétales existantes, prolongement du réseau des haies, mise en place de circulations douces piétons-vélos.

        Les hameaux portuaires : aménagement des espaces publics en contact avec le fleuve.

        Les points de vue sur le marais depuis les routes et les villages : mise en valeur.

        Enjeux de réhabilitation/requalification

        Les extensions urbaines récentes : inscription dans le paysage par la constitution de lisières urbaines plantées d’essences indigènes.

        C3. Les palus de Parempuyre

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        Au nord de l’agglomération bordelaise, face au Bec d’Ambès, l’urbanisation laisse très vite la place à des milieux humides, presque dénués de toute trace de bâti. De la réserve naturelle des marais de Bruges aux premières vignes de Macau, les palus de Parempuyre forment une longue plaine marécageuse d’une douzaine de kilomètres, traversée par plus de dix canaux. Ce réseau hydraulique, ainsi que les longues digues qui bordent la berge, ont permis la conquête de ces terres sur l’estuaire, et forment aujourd’hui la structure de base d’un paysage périurbain atypique, mêlant marais arborés et installations industrielles, entre l’agglomération et le fleuve.

          © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
          Bloc diagramme de l’unité C3 © Agence Folléa-Gautier

          Les communes concernées par l'unité de paysage C3

          • BLANQUEFORT
          • BORDEAUX
          • BRUGES
          • LUDON-MÉDOC
          • MACAU
          • PAREMPUYRE
          Caractéristiques
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          Les marais, un territoire organisé par l’eau

          A l’abri des digues, de vastes parcelles marécageuses sont exploitées en cultures (maïs) ou en prairies, déployant leurs palettes vertes sur de grands espaces. Bien que l’on n’y trouve aucun boisement d’envergure, les arbres sont très présents dans ces marais, bordant les parcelles et les cours d’eau en rideaux denses de feuillus, superposant un horizon sombre aux cultures très ouvertes. Ces haies longent parfois aussi les voies de communication, dessinant alors des routes en tunnels végétaux opaques. Bien que très peu nombreuses, on trouve également quelques vignes, sur les bordures nord et ouest de l’unité, les premières en aval de Bordeaux. L’origine artificielle de ces terrains se traduit aujourd’hui par une topographie tout à fait particulière. En effet, les terres les plus basses sont les plus éloignées des berges, la digue ayant maintenu autour d’elle un bourrelet de terrain plus élevé. Cette cuvette, au réseau de drainage bien plus dense mais toujours plus humide malgré tout, a développé un sol tourbeux, distinct des terrains en bord de fleuve. L’implantation du bâti s’en ressent également : l’urbanisation (très limitée) s’est concentrée derrière la digue, au long de la D209, tandis que les zones inondables restent presque désertes.

          Avec la proximité de Bordeaux, cette unité est aussi marqués par diverses implantations économico-industrielles de grande échelle : gravières, zones industrielles de Bruges et de Blanquefort... Etablis dans ces paysages marécageux, avec leurs trames précises et leur riche patrimoine naturel, ces complexes doivent s’intégrer et tirer parti des éléments en place afin de composer un paysage, le plus équilibré possible, de ’nature industrielle’, c’est-à-dire de nature marquée par l’industrie. Souvent, les implantations industrielles jouent un rôle de repère. La centrale thermique d’Ambès en est un bon exemple : dressée sur l’autre rive, elle surplombe les cimes des arbres et se perçoit depuis une grande partie du territoire. Plus ponctuellement, les silos ou les tapis roulants des carrières nous signalent des activités liées à des sites particuliers, et nous renseignent donc aussi sur les paysages. Mais les vastes étangs résultant des activités des gravières transforment sur de grandes surfaces les paysages des marais, et s’inscrivent difficilement dans ces territoires complexes.

          Ludon-Médoc, une commune entre ruralité et urbanité

          Si cette commune de taille réduite fait partie des paysages de l’estuaire, elle n’en est pas moins clairement sous l’influence directe de l’agglomération bordelaise : située juste après Parempuyre sur la D210, elle constitue en réalité une banlieue de Bordeaux. Cette situation intermédiaire pose des difficultés en termes de gestion du développement, car elle suppose une pression urbaine conséquente, peu facile à conjuguer avec un contexte rural. Néanmoins, Ludon-Médoc présente des réalisations intéressantes. En effet, si l’habitat pavillonnaire aligné en bord de route est bien présent, on trouve aussi quelques opérations de petit logements collectifs à proximité du centre. L’aménagement de l’espace public dans le cœur du village illustre bien, encore une fois, la situation intermédiaire de la commune : un peu trop chargé en mobilier urbain pour un contexte rural, il annonce aussi l’approche de l’agglomération et le passage à d’autres paysages. La place du piéton est en tout cas bien prise en compte dans le centre et ses extensions immédiates, moins dans les zones pavillonnaires. Plus loin, en sortant vers Bordeaux, une précieuse coupure d’urbanisation sépare encore Ludon-Médoc de Parempuyre par de petits boisements. Elle mérite d’être préservée afin d’offrir une respiration dans le continuum bâti de la D210.

          Enjeux
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          Enjeux de protection / préservation

          Les coupures d’urbanisation autour de Parempuyre : préservation des espaces non-bâtis pour souligner la limite de l’agglomération bordelaise.

          Les réseaux hydrauliques des palus : préservation de ces éléments patrimoniaux, protection et développement des trames verte et bleue liées à ce réseau.

          Les pâturages et prairies fauchées : soutien à la pratique de la pâture, mode traditionnel de gestion des marais favorable aux milieux naturels.

          Les structures végétales du marais (haies, ripisylves) : préservation de ces éléments clefs de lecture du paysage, gestion de ce patrimoine, création d’ouvertures au long des routes-tunnels.

          Enjeux de valorisation / création

          Les abords de la D209, route de découverte des paysages des palus : réhabilitation du patrimoine bâti, gestion de la végétation au long de la route, aménagement d’accès vers la rive de l’estuaire.

          Les aménagements dans l’espace public : poursuite du travail d’amélioration des espaces publics, définition d’une charte pour le mobilier urbain afin d’éviter toute surcharge.

          Enjeux de réhabilitation / requalification

          Les zones d’activités et gravières : inscription de ces emprises dans les paysages du Bec d’Ambès, accompagnement des fronts bâtis par des lisières végétales.

          Les étangs issus de l’exploitation de granulats : poursuite des aménagements, inscription dans les paysages du marais, maîtrise du développement des gravières en activité.

          Les extensions urbaines en bords de routes : maîtrise du foncier en bordure des villages, aménagement des entrées de villages (coupures d’urbanisation, limites marais/coteau...).

          C4. Le Médoc de Margaux

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          Situation
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          Le Médoc de Margaux s’élève à la naissance de l’estuaire, face à l’Ile Verte et à l’Ile du Nord : surplombant la Gironde sur sa rive gauche, il est le premier des prestigieux paysages viticoles médocains en venant de Bordeaux. De Ludon-Médoc à Cussac-Fort-Médoc, les domaines renommés se succèdent sur une vingtaine de kilomètres, implantés sur les modestes pentes (moins de vingt mètres de dénivelé) en contrebas du plateau forestier. La berge elle-même est bordée d’une frange marécageuse d’un peu plus d’un kilomètre de large, distincte des coteaux autant par son relief que par les réseaux hydrauliques ou l’agriculture qui la caractérisent.

            © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
            Bloc diagramme de l’unité C4 © Agence Folléa-Gautier

            Les communes concernées par l'unité de paysage C4

            • ARCINS
            • ARSAC
            • AVENSAN
            • BAYON-SUR-GIRONDE
            • CUSSAC-FORT-MEDOC
            • LABARDE
            • LAMARQUE
            • LISTRAC-MEDOC
            • LUDON-MEDOC
            • MACAU
            • MARGAUX-CANTENAC
            • MOULIS-EN-MEDOC
            • SOUSSANS
            Caractéristiques
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            Un vignoble prestigieux, garant du paysage

            Les riches domaines viticoles de cette partie sud du Médoc profitent de la plus grande nappe de graves du département : les qualités de ce substrat pour la culture de la vigne expliquent la prédominance écrasante de cette culture. Ces sols particulièrement bien drainés lui offrent des conditions de développement idéales, alors que les marais en contrebas sont bien trop humides : sur la carte de l’agriculture, la limite entre les vignes d’une part et les prairies et cultures de l’autre dessine une séparation bien nette.

            La plupart des exploitations laissent d’ailleurs cette terre de graves à nu (désherbée ou retournée) au pied des ceps, donnant ainsi à voir cette constitution particulière des sols. Ces cailloux blancs très lumineux éclaircissent les paysages de vignes, et répondent aux pierres calcaires des bâtiments. La qualité du vin produit ici a une influence directe sur les paysages. Le soin apporté à chaque pied de vigne confère à l’ensemble de ces coteaux un aspect entretenu, peigné, souvent mis en valeur grâce au recul par rapport à la route (assuré par les larges bords enherbés).

            Les châteaux et leurs chais prestigieux participent pleinement du décor et leur architecture s’impose à l’œil, qu’ils soient isolés au cœur des vignes ou installés en limite des villages. Une partie du domaine est fréquemment enclose, ceinte d’un mur ou de grilles et accessible par un portail monumental : paysages privés, ces vignes se dérobent à la promenade mais pas toujours aux regards. Clôtures, vignes, châteaux et allées plantées peuvent former des ensembles harmonieux.

            Enfin, ces terres viticoles s’ouvrent vers des paysages lointains, car si les structures arborées des marais coupent les vues directes de l’estuaire, la position en hauteur sur les croupes graveleuses offre des ouvertures visuelles vers le coteau opposé, viticole, boisé et habité.

            Une frange de marais sur les rives

            Les terres basses qui jouxtent l’estuaire en une large bande marécageuse sont parcourues de réseaux de digues et de canaux, qui ont permis leur assainissement et leur mise en culture. Ces vastes parcelles ouvertes, occupées par des champs céréaliers (surtout dans la partie sud) ou des prairies (plutôt au nord), sont donc organisées à partir de cette trame. A celle-ci s’ajoute une structure végétale forte : alignements et haies, bois et bosquets, ripisylves des canaux, sujets isolés… constituent un paysage marqué par les arbres. Bien qu’étroite, cette bordure suffit donc à séparer les coteaux viticoles de l’estuaire, par les épais rideaux de feuillus qu’elle met en place.

            Ces boisements se concentrent et se densifient lorsque des cours d’eau, esteys ou jalles, incisent les terres, s’accompagnant de larges zones humides impropres à la viticulture. Le ruisseau de la Laurina, l’estey de Tayac ou la jalle du Cartillon s’écoulent ainsi au sein de terres marécageuses, boisées ou pâturées. Mais ces légers vallons ont tendance à s’enfricher de façon importante, laissant se refermer les prairies et créant des coupures boisées denses entre les croupes graveleuses. La proximité avec l’estuaire enrichit ces berges d’une activité propre, notamment la pratique de la pêche de loisir.

            Certaines berges voient ainsi s’aligner les abris sur pilotis et leurs carrelets, dressés au-dessus des eaux calmes de l’estuaire. Souvent autoconstruites, ces cabanes - éléments symboliques des paysages girondins – rythment et animent les rives par leur simple présence. Ailleurs, ce sont de petits pontons qui sont installés, permettant de stationner quelques barques ou même de pêcher directement depuis le bord, comme au Port d’Issan sur la commune de Cantenac. Ces différentes pratiques halieutiques assurent, à un certain niveau, un entretien et une animation des berges, et en font un paysage vivant et habité.

            Une urbanisation au fil de la route départementale

            Au long de l’axe de la D2 sont installés la plupart des villages de cette unité : cette voie de communication majeure structure l’organisation urbaine de la rive gauche de l’estuaire, en un chapelet régulier de bourgs plus ou moins importants. Son tracé parcourt les surfaces viticoles, sans s’aventurer ni vers les marais en contrebas, ni sur le plateau forestier à l’ouest.
            Ces deux derniers paysages sont d’ailleurs quasiment exempts de toute occupation bâtie.Si la plupart des villages sont organisés autour d’un cœur assez dense, formé de maisons d’un ou deux niveaux alignées sur rue, les périphéries plus récentes ont tendance à s’étaler sous la forme d’habitat pavillonnaire lâche, colonisant les bords de routes.

            Dans les deux cas, l’espace public reste en général assez pauvre, pour diverses raisons : en centre-bourg, le peu de surface disponible oblige à réduire les aménagements au minimum ; dans les extensions récentes, tout est organisé autour de la voiture et le piéton ne trouve pas toujours sa place.

            Néanmoins, certains villages présentent des aménagements plus heureux, ou intègrent à leur développement des éléments propres à améliorer la qualité des espaces urbains aussi bien que l’inscription dans le site. Le maintien de lisières urbaines végétales par exemple, ou encore de parcelles de vigne dans le village, peut jouer ce double rôle.

            Enjeux
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            Enjeux de protection / préservation

            La qualité des paysages viticoles : gestion soignée des abords des vignes (bandes enherbées, bords de routes, fossés...).

            Le patrimoine des châteaux et de leurs parcs : classement des bâtiments et jardins à protéger dans les documents d’urbanisme, mise en place d’outils.

            Les coupures d’urbanisation entre les bourgs : arrêt des constructions au fil des routes, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, valorisation des abords des voies.

            Les structures végétales des marais : entretien du patrimoine existant, création d’itinéraires de promenade parmi ces réseaux.

            Enjeux de valorisation / création

            Les points de vue vers l’estuaire : signalisation des sites clefs de découverte des paysages, aménagement de points de vue, création d’itinéraires de promenade.

            L’espace public des villages : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, aménagement d’espaces accueillants dans les bourgs.

            Enjeux de réhabilitation / création

            L’enfrichement des vallons humides : gestion régulière des boisements, maintien des prairies ouvertes par pâturage.

            Les extensions urbaines pavillonnaires : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.

            C5. La clairière de Listrac

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            Situation
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            En retrait des coteaux de la rive gauche de l’estuaire, la clairière de Listrac est un petit territoire viticole à l’ouest de Margaux, encadré par la forêt du plateau landais et relié au fleuve par quelques jalles accompagnées de boisements. Avec une emprise d’environ huit kilomètres du nord au sud et six kilomètres d’est en ouest, c’est une modeste enclave au cœur de la pinède. Son socle géologique, calcaire et plus ancien (ère tertiaire), se démarque nettement des terres alentour, constituées en grande partie d’une base argilo-sableuse du secondaire, et explique la nature particulière de ces paysages, bien distincts de la forêt du plateau landais.

              © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
              Bloc diagramme de l’unité C5 © Agence Folléa-Gautier

              Les communes concernées par l'unité de paysage C5

              • AVENSAN
              • CASTELNAU-DE-MEDOC
              • LISTRAC-MEDOC
              • MOULIS-EN-MEDOC
              Caractéristiques
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              Une clairière principalement viticole

              Le paysage est en premier lieu constitué de vignes, s’étendant en très vastes parcelles quasiment exemptes de toute présence arborée. La majorité des terres, constituées des podzols humides des Landes, sont dédiées à la culture viticole, à l’exception de quelques boisements et des environs des implantations urbaines. Seuls les vallons humides, au long du ruisseau de Larrayaut et de la jalle de Tiquetorte, forment des ruptures dans cet ensemble par leur cortège dense de feuillus. L’horizon, au-delà des vignes, est ainsi constamment occupé par une lisière forestière, fin liseré sombre visible au loin dès que l’on sort des villages (qu’il s’agisse des franges de la forêt landaise ou de ces corridors accompagnant les cours d’eau). Ici plus que dans les autres paysages en rive gauche de l’estuaire, la présence de la forêt est très marquée : on perçoit ainsi constamment la configuration de cette unité en clairière, ourlée de sombres manteaux arborés au-dessus des cultures plus lumineuses.

              Des lisières qui concentrent l’urbanisation

              La lisière de la clairière prend un rôle important dans l’organisation de cette unité, notamment en termes d’implantations urbaine : les franges de ce territoire concentrent une occupation bâtie plus marquée que le cœur. Castelnau-de-Médoc, Avensan, ou encore Donissan sont ainsi installées à l’interface entre forêt et plaine viticole, marquant bien la distinction avec le territoire de la pinède, presque inhabité. Ce contact entre deux univers bien différenciés offre des configurations très riches en termes de structures paysagères. D’une part, la lisière forestière voit les feuillus affirmer leur présence : une frange de boisements mixtes opère ainsi la transition entre la pinède et la clairière, offrant des horizons boisés plus composés (l’ourlet et le manteau arbustif offrent un visage différent de celui des hautes futaies de résineux).

              D’autre part, les villages voient souvent des prairies encadrer leur pourtour, créant des espaces particuliers entre vignes et boisements. Aujourd’hui, ces franges ouvertes sont souvent gagnées par une urbanisation peu maîtrisée, due à la fragilité de ces prés, et méritent une attention particulière. Ces extensions urbaines récentes manquent de structure et de cohérence, alignant au fil des routes un pavillonnaire banal et disparate. Celui-ci est souvent accompagné de hautes clôtures opaques ou de haies de thuyas, ou bien est isolé et implanté au cœur du paysage. Dans les deux cas, les transitions ne sont assurées ni avec le bâti existant ni avec les éléments paysagers alentour, malmenant la cohérence du territoire.

              De légers vallons, soulignés par les boisements

              Des paysages plus spécifiques accompagnent les légers vallons de plusieurs cours d’eau, tous affluents de l’estey de Tayac. Un cortège de feuillus suit ainsi la jalle de Tiquetorte et l’estey du Houguet - plusieurs cours parallèles forment ici un couloir d’une certaine ampleur - tandis que les ruisseaux de Larrayaut et du Cartillon sont flanqués de boisements mixtes. Ces reliefs peu marqués apparaissent ainsi soulignés par ces peuplements denses, dont les cimes s’élèvent en arrière-plan des vignes, et qui profitent des mêmes sols hydromorphes que les marais littoraux.

              Les réseaux hydrauliques, aménagés par l’homme pour drainer ces sols trop humides et fournir de l’énergie, créent des ambiances agréables dans ces sous-bois, ouvrant des percées au sein de la forêt. Mais les routes traversent ces espaces sans les parcourir, n’en laissant découvrir qu’un aperçu restreint. Des nombreux moulins signalés sur la carte de Cassini, bien peu ont laissé des traces de ce passé industrieux des canaux, mais celui de Tiquetorte en offre un bel exemple, encore bien préservé aujourd’hui.

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              Enjeux de protection / préservation

              Le patrimoine des réseaux hydrauliques (canaux, moulins...) : protection des éléments bâtis par classement dans les documents d’urbanisme, entretien des rivières et des canaux.

              Les ceintures de prairies autour des villages : définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, gestion des prairies par pâturage.

              Enjeux de valorisation / création

              Les paysages des vallons boisés : gestion des boisements, création d’itinéraires de promenades (piétons et cyclistes).

              Les rencontres entre forêt et urbanisation : développement de lisières habitées, inscription des arbres dans la trame urbaine.

              Enjeux de réhabilitation / requalification

              Les extensions urbaines pavillonnaires : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.

              C6. Le Médoc de Pauillac

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              Situation
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              Le Médoc de Pauillac est situé en rive gauche de la Gironde, entre Saint-julien-Beychevelle au sud et Saint-Estèphe au nord, soit une quinzaine de kilomètres de berges. Le territoire de cette unité de paysage s’étend sur sept à huit kilomètres vers l’intérieur des terres, regroupant une étroite bande littorale marécageuse et des coteaux viticoles. Les cours d’eau du marais de Beychevelle (jalle du Nord, chenal du Milieu et jalle du Sud) forment une rupture nette au sud, de même que le chenal de la Calupeyre et l’estey d’Un au nord. La morphologie et les sols autour de ces canaux ont maintenu, en arrière des coteaux, quelques poches exemptes de vigne, exceptions notables dans ces paysages de terroirs.

                © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                Bloc diagramme de l’unité C6 © Agence Folléa-Gautier

                Les communes concernées par l'unité de paysage C6

                • CISSAC-MEDOC
                • CUSSAC-FORT-MEDOC
                • PAUILLAC
                • SAINT-ESTEPHE
                • SAINT-JULIEN-BEYCHEVELLE
                • SAINT-LAURENT-MEDOC
                • SAINT-SAUVEUR
                • SAINT-SEURIN-DE-CADOURNE
                • VERTHEUIL
                Caractéristiques
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                Un vignoble ouvert sur l’estuaire

                Si les reliefs restent modestes de ce côté de l’estuaire, ils offrent tout de même des paysages légèrement vallonnés et des coteaux doux mais bien lisibles : c’est sans doute la berge la plus marquée par la topographie sur la rive médocaine de l’estuaire. Découpées et bosselées par quelques vallons, ces pentes s’achèvent à peu de distance du rivage, réduisant les marais à une portion congrue. Les vignes trouvent ici, encore une fois, un milieu propice à leur culture, et elles s’étendent sans concurrence, des ’hauteurs’ sableuses du plateau jusqu’au pied des coteaux graveleux.

                Ces vignes, dont la terre est le plus souvent laissée à nu, donnent à voir un sol de graves, blanc et lumineux. Quelques rares haies ou arbres isolés viennent à peine perturber ces étendues sans fin de vignoble ; le bâti lui aussi est peu nombreux. Les domaines viticoles apportent un peu de variété dans ces paysages : des parcs flanquent certains châteaux, parfois avec des ’emprunts’ aux paysages voisins (champs ouvrant une perspective sur l’estuaire à Château Beychevelle, jardin étendu dans les marais à Château Crock) ; des allées plantées en accompagnent quelques autres, ou encore des clôtures serties d’un portail monumental. Sur les coteaux, ces éléments d’apparat sont parfois tournés vers l’estuaire, bien en vue depuis la route en contrebas.

                Les marais et la berge, interface avec l’estuaire

                Si l’emprise première du marais était ici déjà réduite, étant donné la proximité au rivage du coteau, les aménagements et artificialisation plus récents ont encore diminué sa surface au nord de Pauillac. Mince bande de terre en prairies, parfois piquées d’arbres, la rive marécageuse donne à voir l’ampleur de l’estuaire, qui se révèle autant depuis les hauteurs des coteaux que depuis la route D2E2 en contrebas. Celle-ci, accompagnée d’alignements de platanes plus ou moins préservés, est un axe majeur pour la perception des paysages de l’estuaire : se glissant entre Gironde et coteaux viticoles, elle parcourt les marais et traverse Pauillac et son port.Au fil des berges, diverses activités littorales se dessinent, chacune à une échelle différente.

                Si les cabanes à carrelets sont les installations les plus réduites, elles marquent le paysage par leur nombre conséquent, témoin de l’importance de cette pratique. Quelques ports se lovent dans les esteys : accessibles par des chenaux très réduits, ils accueillent de petites embarcations de pêcheurs ou de plaisanciers, flottant ou reposant sur les fonds vaseux au gré des marées. Pour les gabarits plus importants, le port de plaisance de Pauillac est un refuge mieux approprié : accueillant quelques dizaines de bateaux, il jette ses pontons récents en avancée sur l’estuaire, à l’abri d’épaisses palplanches.

                Mais c’est à proximité du port pétrolier, juste au nord de Pauillac, que la confrontation avec les navires est la plus saisissante : plus ou moins dissimulés par les végétaux des marais, les gros porteurs se révèlent à la vue, en vis-à-vis des énormes cuves de la raffinerie. Le paysage de nature industrielle offert par l’usine trouve alors son complément dans le va-et-vient des bateaux amarrés à ses pontons. Ces pratiques diverses font de l’estuaire un espace vivant, ses paysages s’enrichissant de ces activités.

                Les corridors transversaux des vallons alluvionnaires

                Au-delà des croupes graveleuses des coteaux, quelques étendues marécageuses s’étalent en amont des chenaux. Ainsi, au long de la jalle du Breuil, du chenal de la Calupeyre ou du Graveyron, des terres humides restent inaptes à la culture viticole, bien que parcourues par des réseaux importants de canaux drainants. Ce sont alors quelques prairies et des boisements (mixtes ou feuillus) qui prennent place dans ces vallons alluvionnaires. Perceptibles depuis les hauteurs, ils s’intercalent entre les buttes couvertes de vignes, diversifiant la composition de ces paysages.

                Des pressions urbaines variables

                Les villages, situés sur les hauteurs et non dans les basses terres marécageuses, ont une organisation plutôt compacte, et leurs cœurs urbains denses ne laissent que peu de place à l’espace public. Si la valeur des terres viticoles renommées permet de préserver cette structure dense pour certains villages, ceux situés à proximité de prairies ou de boisements voient souvent leurs extensions s’égrener au long des routes, sans planification cohérente. Deux communes plus importantes articulent cette unité : Pauillac, la principale, sur les berges, et Saint-Laurent-Médoc, plus modeste, sur la lisière. Pauillac bénéficie de sa situation portuaire : le long front bâti donnant sur la Gironde crée la seule ambiance urbaine des rives de l’estuaire.

                Le large espace du port et le double alignement de platanes, peu valorisés aujourd’hui, offrent de grandes opportunités d’aménagement. A Saint-Laurent-Médoc, c’est la forêt qui peut jouer ce rôle et conférer une certaine qualité aux nouveaux quartiers : les lisières et massifs permettraient d’accompagner la croissance urbaine et de développer des espaces publics de qualité.

                Enjeux
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                Enjeux de protection / préservation

                La qualité des paysages viticoles : gestion soignée des abords des vignes (bandes enherbées, bords de routes, fossés...).

                Le patrimoine des châteaux et de leurs parcs : classement des bâtiments et jardins à protéger dans les documents d’urbanisme, mise en place d’outils.

                Enjeux de valorisation / création

                Les berges de l’estuaire : aménagements urbains des quais de Pauillac, protection et renouvellement des alignements d’arbres, traitement des abords de la RD2E2.

                Les sites des ports : aménagement des abords des ports, création de liaisons douces jusqu’aux ports.

                Enjeux de réhabilitation / requalification

                Les espaces publics des villages : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, aménagement d’espaces accueillants dans les bourgs.

                Les extensions urbaines des villages de lisière : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.

                Les périphéries de Pauillac et Saint-Laurent-Médoc : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité dans ces marges.

                C7. Le Médoc de Saint-Christoly

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                Situation
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                Alors que l’estuaire commence à s’évaser, et qu’en rive droite le département de la Gironde laisse place à celui de la Charente Maritime, les ultimes reliefs du Médoc prennent la forme d’un éperon très peu marqué à l’est de Lesparre. A proximité des berges, quelques légères buttes de graves dessinent les dernières ’îles’ viticoles conséquentes au nord du département. Le Médoc de Saint-Christoly s’étend de Saint-Seurin-de-Cadourne au sud à Valeyrac au nord, soit une vingtaine de kilomètres de rivage ; tandis qu’entre la forêt des Landes et l’estuaire, c’est sur environ dix kilomètres que se succèdent vignobles et marais.

                  © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                  Bloc diagramme de l’unité C7 © Agence Folléa-Gautier

                  Les communes concernées par l'unité de paysage C7

                  • BEGADAN
                  • BLAIGNAN-PRIGNAC
                  • CIVRAC-EN-MEDOC
                  • COUQUEQUES
                  • GAILLAN-EN-MEDOC
                  • LESPARRE-MEDOC
                  • ORDONNAC
                  • SAINT-CHRISTOLY-MEDOC
                  • SAINT-ESTEPHE
                  • SAINT-GERMAIN-D’ESTEUIL
                  • SAINT-SEURIN-DE-CADOURNE
                  • SAINT-YZANS-DE-MEDOC
                  • VALEYRAC
                  • VERTHEUIL
                  Caractéristiques
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                  Un vignoble perché sur les derniers reliefs

                  Si la vigne reste la culture principale, et occupe une grande majorité du territoire de cette unité, elle cède cependant bien plus de place aux marais qu’en amont : seuls les terrains légèrement surélevés, et donc plus secs, offrent les conditions nécessaires à son développement. Ces horizons viticoles couvrent néanmoins des surfaces très étendues, sur des reliefs très doux (mais soulignés par la régularité des règes). Les terres de graves, qui constituent les quatre légères buttes au long de l’estuaire, sont ici moins visibles et moins lumineuses que dans les vignobles en aval. Qu’il s’agisse de haies, d’arbres isolés, de buttes boisées ou de la sombre lisière quasi-omniprésente au-dessus des vignes, la présence forestière prend ici une grande importance visuelle, et ce, même si les arbres qui la constituent sont souvent assez éloignés.

                  Au sein de ces vastes terres viticoles, une urbanisation sans grande qualité est dispersée de façon assez homogène. Moins réputés qu’autour de Pauillac ou Margaux, les vignobles ne permettent pas de résister, par leur valeur intrinsèque, aux pressions urbaines qui peuvent s’exercer. Des domaines aux bâtiments et abords soignés agrémentent tout de même ces paysages : châteaux, chais et allées plantées émergent parfois au sommet d’une butte viticole, complétant le tableau.

                  Des zones humides qui prennent de l’importance

                  Deux vallées délimitent nettement l’unité au nord et au sud, et forgent ces paysages : autour du chenal de Guy et du chenal de la Calupeyre - cours principaux de réseaux hydrauliques complexes - se constituent les marais formant ces limites. Entre les îlots de graves s’immiscent aussi le chenal de la Maréchale, les chenaux de By ou encore le chenal de Troussas à la Reille. A chaque fois, ces basses vallées dessinent des paysages de marais pâturés ou cultivés, palus exploitables grâce aux grands travaux des ingénieurs hollandais au XVIIème siècle. Les prairies sont surtout groupées au long des berges de l’estuaire et sur les parties les plus basses, tandis que les cultures se retrouvent plus en amont des cours d’eau, la terre grasse et noire des champs contrastant fortement avec les tons plus lumineux des buttes viticoles.

                  De nombreuses haies et ripisylves traversent ces paysages, soulignant les structures confondues du parcellaire et du réseau hydraulique et accompagnant les cours d’eau. Ainsi, bien que très peu de réels boisements ne poussent ici, l’arbre garde une place dans ces paysages. Dans certains marais, des parcelles de pâturage en déprise commencent d’ailleurs à s’enfricher, soulignant un déséquilibre dans l’évolution de ces paysages.

                  Le noyau d’urbanisation de Lesparre-Médoc

                  Lesparre-Médoc est la commune principale dans cette unité : plus étendue et plus peuplée, elle voit également converger vers elle toutes les routes de desserte locales. Ce statut lui a permis de maintenir un centre habité et vivant (mais quelques commerces commencent à faiblir, abandonnés), ou la densité importante est constituée d’un mélange de bâti ancien et récent. Les façades composites ainsi façonnées sont souvent assez belles, mais souffrent d’un aménagement peu valorisant de l’espace public. Dans les rues étroites du centre ancien, le peu de surface disponible est en grande partie dévolu à la voiture : chaussée et places de stationnements ; les piétons doivent se contenter d’un trottoir étroit, encore encombré par des jardinières et autres mobiliers.

                  Cette densité de construction reste importante dans la majeure partie du centre, ne se relâchant qu’à partir des voies extérieures. La D1215 est ainsi bordée de façades discontinues, mêlant habitations et activités, et mériterait un traitement adapté. Les extensions de Lesparre-Médoc, s’étendant au long des routes, ont déjà rejoint le hameau de Saint-Trélody au long de la D204 par un véritable continuum urbain, au sud duquel se propage une ville plus diffuse, moins cohérente.Ces extensions dispersées s’implantent dans un paysage préexistant riche en structures végétales : les vignes, mais aussi les prairies humides et leurs bocages. Ces éléments peuvent fournir une trame pour guider la croissance de la ville et intégrer ses nouveaux éléments dans un contexte riche, plutôt que d’enfiler au fil des voies des suites de pavillons.

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                  Enjeux de protection / préservation

                  Les structures arborées : repérage et protection des haies et arbres isolés, renouvellement des haies dégradées, maintien et restauration de la continuité des corridors écologiques locaux.

                  L’enfrichement des marais : maintien des paysages ouverts des marais, gestion des prairies par pâturage.

                  Le patrimoine des châteaux et de leurs parcs : classement des bâtiments et jardins à protéger dans les documents d’urbanisme, mise en place d’outils.

                  Enjeux de valorisation / création

                  Le paysage des réseaux hydrauliques : entretien et gestion des réseaux de canaux, création d’itinéraires de promenade et de liaisons douces.

                  Enjeux de réhabilitation / requalification

                  Les espaces publics de Lesparre-Médoc : réaménagement des voiries, réduction de l’emprise de la voiture et création d’espaces de circulations privilégiés pour les piétons et cyclistes, aménagement d’espaces accueillants.

                  Les extensions récentes de Lesparre-Médoc : densification des zones urbaines lâches, connexion au centre par des circulations adaptées aux piétons et cyclistes, aménagement d’espaces publics de qualité dans ces marges.

                  C8. Le Médoc des mattes

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                  Situation
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                  À la pointe nord de la Gironde, le Médoc des mattes - dernière unité estuarienne avant la pointe du Verdon, plus tournée vers l’océan - est en très grande partie constitué de terres gagnées sur les eaux après les grands travaux du XVIIIème siècle. Cette particularité se lit d’ailleurs très bien dans la constitution des sols : le socle, bien délimité, est principalement formé d’alluvions modernes de l’holocène, tout comme l’estuaire en lui-même. Ces vastes marais s’étendent entre Lesparre-Médoc et le Verdon-sur-Mer, soit environ 25 km du nord au sud, et entre 5 et 10 km dans les terres, jusqu’à la lisière de la forêt des Landes girondines.

                    © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                    Bloc diagramme de l’unité C8 © Agence Folléa-Gautier

                    Les communes concernées par l'unité de paysage C8

                    • BEGADAN
                    • CIVRAC-EN-MEDOC
                    • GAILLAN-EN-MEDOC
                    • GRAYAN-ET-L’HOPITAL
                    • JAU-DIGNAC-ET-LOIRAC
                    • LESPARRE-MEDOC
                    • LE VERDON-SUR-MER
                    • QUEYRAC
                    • SAINT-VIVIEN-DE-MEDOC
                    • SOULAC-SUR-MER
                    • TALAIS
                    • VALEYRAC
                    • VENSAC
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                    Les marais, paysage fabriqué et omniprésent

                    Dans ces paysages de basses terres, humides et absolument horizontales, un décor très particulier s’offre au regard : les larges parcelles de marais pâturés (bovins, ovins, chevaux) ou cultivés (céréales, lin...) se succèdent, dégageant des vues très lointaines où les éléments verticaux prennent une grande importance (arbres isolés, lignes électriques...). L’ambiance végétale est différente : l’abondance de l’eau se fait sentir par une profusion verte, à perte de vue. Les haies forment les limites de ces perspectives, qu’il s’agisse des tamaris traditionnels - souvent sur le déclin et peu remplacés - ou de ripisylves touffues accompagnant les divers canaux.

                    Réseau hydraulique, digues et routes forment la trame de ce paysage. Souvent associés, ils permettent d’appréhender le fonctionnement de ce territoire, entièrement dépendant d’aménagements anthropiques, et offrent une diversité de situations qui enrichit les perceptions du visiteur. Les routes-digues, légèrement surélevées, proposent un regard différent sur les mattes ; celles bordant les canaux, flanquées de longues ripisylves opaques, révèlent soudain les marais à l’occasion d’une ouverture. Enfin, la variété des chenaux eux-mêmes est intéressante : plus ou moins profonds, sinueux ou rectilignes, dégagés ou étouffés sous les broussailles... Ils apportent une diversité bienvenue dans ce paysage sans reliefs.

                    Des îlots à la pointe

                    La morphologie de la pointe du Médoc a subi des transformations conséquentes depuis la formation de l’estuaire, dues aux évolutions naturelles (apports de sédiments, érosion) mais aussi aux interventions humaines. Si le Médoc forme aujourd’hui une presqu’île d’un seul tenant, trouvant son achèvement dans cette pointe aigüe, ses rivages présentaient autrefois un profil bien plus découpé, la péninsule se prolongeant même, par périodes, en un archipel aux îles mouvantes dont Cordouan formait le dernier maillon. Les apports sédimentaires dus aux courants marins et aux fleuves ont eu tendance a ’gommer’ ces irrégularités, mais c’est l’action humaine qui façonnera la pointe de Grave.

                    Installée sur les restes sableux d’un cordon littoral, la ’passe castillonnaise’, chemin reliant Saint-Christoly (anciennement appellé Saint-Christoly-de-Castillon) à Soulac, formera la structure de cette conquête de l’estran, apportant les bases d’une digue semi-artificielle. À partir du XVIIème siècle, les marais situés à l’ouest de ce léger bourrelet sont asséchés et drainés, devenant des palus exploitables pour l’élevage. Ensuite, durant le XVIIIème siècle, cette conquête de terres sur la mer se poursuit par la construction de digues : les mattes étendent de nouveau, vers l’est de la passe, les terrains destinés à la production.

                    Les berges, limite et connexion entre deux univers

                    Les premiers signes de la proximité avec l’estuaire se découvrent bien loin des berges : sur les chenaux les plus importants sont installés de petits ports, parfois jusqu’à deux kilomètres de l’embouchure. De petites embarcations de pêche ou de loisir suivent ici le rythme des marées, flottant ou s’échouant sur la vase. Des villages de cabanes bordent ces quais : souvent autoconstruites, celles-ci sont composées de pans de bois goudronnés.En poursuivant la route vers l’estuaire, l’horizon reste résolument bouché : la haute digue côtière est la seule perspective au bout du chemin.

                    Construite tout au long des mattes, elle est un élément clef dans le maintien hors d’eau des marais littoraux, et forme une interface entre ces deux paysages. Après les avoir cachés l’un à l’autre, elle se révèle le meilleur point de vue pour observer leur rencontre, donnant à voir les lointains horizons de la rive droite de l’estuaire, comme les vastes parcelles dégagées des marécages.Quelques installations pavillonnaires relativement récentes voient le jour derrière la digue, à l’extrémité des routes. Ces poignées de maisons s’installent en bord de voie, isolées dans leur jardin, sans tenir compte de la richesse du site alentour, ni même du caractère inondable de ces terrains. Au vu de l’importance de ces lieux en termes de perception et de compréhension des paysages des mattes, cette tendance doit être analysée et maîtrisée.

                    Une naturalité contrastée des marais

                    L’estuaire de la Gironde forme un site-clef au regard des flux migratoires aviaires, et ce notamment grâce aux vastes étendues de marais, aptes à accueillir les oiseaux au cours de leur périple. Ces milieux façonnés par l’homme offrent en effet des conditions très riches en termes d’habitat et de biodiversité. Mais les évolutions récentes de l’agriculture, et la déprise du pâturage en particulier, ont modifié ces facteurs. D’une part, les grandes cultures céréalières diminuent fortement, par leur mode de gestion, la naturalité de ces espaces : les fossés n’assurant pas un drainage suffisant pour la production recherchée, ils sont complétés ou remplacés par des réseaux souterrains ressuyant totalement le sol.

                    L’ensemble du territoire des mattes, à l’est de la passe castillonnaise, ne s’apparente plus aujourd’hui que difficilement à un marais.D’autre part, les palus à l’ouest ont été réinvestis en grande partie par les chasseurs. En acquérant des superficies importantes de zones humides et en y aménageant des mares de chasse, ils permettent le maintien des milieux naturels marécageux. Néanmoins, contrairement au pâturage, leur action n’évite pas nécessairement l’enfrichement de ces parcelles, et les paysages très ouverts des palus tendent par endroits à se refermer.

                    Les îlots cultivés des villages

                    Cette unité de paysage reste très peu habitée : les quelques zones urbanisées sont séparées par de larges prairies inoccupées. Cet état de fait est évidemment lié à la nature de ces terrains, marécageux et uniquement maintenus hors d’eau par de complexes aménagements. Les villages sont donc installés sur les quelques relatives hauteurs (à peine perceptibles) dépassant de façon un peu plus marquée le niveau de la mer, îlots au cœur des palus ou limites du plateau sableux landais, qui accueillent également quelques vignes. Ce sont donc les bordures sud-ouest de l’unité ainsi que les communes de Jau-Dignac-et-Loirac et Talais qui constituent ces parties habitées.

                    L’urbanisation y est assez hétéroclite, si les villages anciens sont en général bien groupés, leur densité est variable : façades continues à Saint-Vivien-de-Médoc, trame plus aérée à Talais. En sortant de ces cœurs de bourgs organisés l’habitat pavillonnaire peu dense est souvent de mise ; mais cette configuration, grande consommatrice d’espace, peut créer des ambiances intéressantes lorsque l’exubérance végétale des jardins s’exprime dans l’espace public. Les franges de la forêt apportent aussi quelques situations composites assez riches où urbanisation, cultures et boisements se trouvent mêlés. Toutefois, la majorité de ces extensions présente aujourd’hui une urbanisation sans qualités.

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                    Enjeux de protection / préservation

                    Le réseau hydraulique : entretien et gestion des réseaux de canaux, création d’itinéraires de promenade et de liaisons douces.

                    Les prairies des marais : maintien des paysages ouverts des marais, gestion des prairies par pâturage.

                    Le réseau des haies : repérage et protection des haies et arbres isolés, renouvellement des haies de tamaris traditionnelles, maintien de la continuité des corridors écologiques locaux.

                    Enjeux de valorisation / création

                    La digue et ses abords : création d’itinéraires de découverte de la digue et du marais, aménagement de sites clefs de découverte des paysages de la limite, arrêt des constructions à proximité de la digue, inscription des bâtiments existants dans le paysage.

                    Les paysages des routes : entretien des abords des routes, entretien des canaux, gestion des ripisylves et des haies, maintien d’ouvertures paysagères.

                    Enjeux de réhabilitation / requalification

                    Les îlots habités : affirmer le statut de ces îlots par la définition de limites strictes à l’urbanisation, mise en place de lisières agro-urbaines aménagées et plantées entre urbanisation et marais.

                    C9. La pointe de Grave

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                    À l’extrémité de la presqu’île médocaine, la pointe du Verdon s’avance entre estuaire et océan, soulignant à la fois la rencontre et la limite entre ces deux univers. Sur une surface réduite - une langue sableuse d’à peine une dizaine de kilomètres de long - elle réunit de nombreuses composantes des territoires rencontrés plus au sud : dunes, pinède, côte sableuse, ville balnéaire, installations portuaires et marais s’organisent ici en un ensemble complexe. Ce concentré de paysages, entrée maritime du département, est confronté aux larges horizons de l’estuaire girondin et à ceux, infinis, de l’océan Atlantique.

                      © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                      Bloc diagramme de l’unité C9 © Agence Folléa-Gautier

                      Les communes concernées par l'unité de paysage C9

                      • LE VERDON-SUR-MER
                      • SOULAC-SUR-MER
                      Caractéristiques
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                      Soulac-sur-mer, cité balnéaire

                      Au départ simple monastère, Soulac-sur-Mer ne se développera qu’avec l’essor du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle : c’est au XIIème siècle qu’est bâtie la basilique Notre-Dame de la fin des Terres, destinée à accueillir les nombreux pèlerins qui empruntent alors la voie de Soulac. Modifiée plusieurs fois pour faire face à l’avancée des sables, elle sera finalement abandonnée et ensevelie par les dunes, ainsi que le village, en 1741 : seul le sommet du clocher émerge. Le Jeune-Soulac est alors implanté environ deux kilomètres plus à l’est, mais il redeviendra bientôt un simple hameau.

                      En effet, au milieu du XIXème siècle, la vague des cité balnéaires fait renaître la ville côtière : plantations de pins pour fixer les dunes, construction des premières villas, lancement des travaux de désensablement de la basilique. Cette métamorphose se confirmera à partir de 1874 grâce à l’arrivée du chemin de fer, qui accélère le développement ; tandis que la basilique sera complètement remise à jour en 1905. Les constructions de demeures de villégiature se poursuivront durant la première moitié du XXème siècle.Aujourd’hui, la ville présente un patrimoine témoin de cette époque, et l’architecture soulacaise en est un archétype reconnu. Ses villas, modestes en taille mais pomponnées comme des maisons de poupées, sont de formes variées, souvent composées de tours, vérandas et bow-windows, et surplombées de toîtures complexes. Les charpentes qui soutiennent celles-ci sont travaillées comme des ornements et de beaux lambrequins en bois découpé en ornent les avant-toits. Pierre de taille et briques composent des façades soignées, sur lesquels le nom de la maison se doit d’être affiché. De vastes quartiers pavillonnaires se construisent ainsi, assez denses et suivant une trame orthogonale dans le centre, autour de la basilique, plus diffus dans le sud de la commune et suivant une organisation rayonnante des rues.

                      À partir des années 1960, le front de mer est transformé par quelques projets qui le caractérisent aujourd’hui encore. ’Le Signal’, constitué de deux immeubles de logements, marque ainsi fortement le paysage : dressé sur les dunes au sud de la commune, il constitue la première tranche d’un programme dont la suite n’a pas vu le jour. Quasiment vide hors saison, ce bâtiment sans qualité architecturale est aujourd’hui fortement menacé par l’érosion, ce qui pose la question de sa conservation. Non loin, l’ensemble formé par le casino, le musée d’art et d’archéologie et le palais des congrès, datant des années 1970, présente une architecture typique de cette époque, mais n’a pour tout vis-à-vis qu’un vaste parking donnant à ce lieu un air inachevé.

                      Le Verdon-sur-Mer, cité portuaire

                      Si la commune du Verdon-sur-Mer comporte aussi une plage - celle de la Chambrette, la seule en rive gauche de l’estuaire - elle est d’avantage caractérisée par les diverses installations portuaires qui l’occupent. Dès le Moyen-Âge, sa rade protégée des vents d’ouest offrait un abri aux navires ; cette vocation se confirme avec la construction en 1933 d’un avant-port de Bordeaux, destiné notamment aux paquebots transatlantiques, qui sera détruit par les Allemands. Le port pétrolier du Verdon est implanté sur ses ruines en 1966, il restera actif une vingtaine d’années - jusqu’à la fermeture des raffineries d’Ambès et de Pauillac - après quoi, son activité se tournera vers les conteneurs. Plus récemment, en 2004, Port-Médoc est créé, installation de plaisance d’une capacité de 800 anneaux, il s’intègre dans la volonté de développement touristique de la commune.

                      Port-Bloc reste également un équipement clef, stratégique au niveau départemental puisqu’il constitue un des points d’entrée en Gironde. Site de débarquement du bac assurant la liaison avec Royan, il accueille notamment une grande partie des visiteurs venus du nord, et mériterait à ce titre un aménagement de qualité : bien que les dunes boisées et le fort du Verdon offrent un cadre privilégié, les vastes parkings bordés de snacks sont peu valorisants.

                      Si le Verdon-sur-Mer se tourne aujourd’hui d’avantage vers le tourisme, les équipements portuaires anciens conservent une empreinte majeure sur les paysages. Les silhouettes des grues sur les docks, les avancées des jetées et des môles, s’inscrivent à l’horizon et constituent des éléments de repère et de découverte dans ces étendues maritimes. Phares et amers ponctuant le littoral contribuent aussi à composer un paysage spécifique, lié au trafic naval.

                      Tandis que ces divers équipements se succèdent sur la rive estuarienne de la ville, le bâti se répartit au long de la lisière forestière, se mêlant plus ou moins aux arbres. Le centre-bourg est en effet très réduit, et les habitations s’égrènent au long de la D1, souvent accompagnées d’une végétation importante qui forme des ambiances boisées. Les coupures d’urbanisation laissant passer le regard vers le sud, sur les marais du Conseiller et leurs vastes espaces dégagés, permettent de percevoir la finesse de cette frange végétale, qui longe simplement la route.

                      Dunes boisées à l’ouest et marécages à l’est

                      Sur les dunes, la pinède est majoritaire mais les chênes verts sont aussi bien présents. Ces boisements denses et épais coupent la ville du Verdon-sur-Mer de tout contact avec l’océan, celle-ci se tourne d’avantage vers l’estuaire et se mêle à la forêt. Le littoral atlantique est ainsi bien préservé de toute urbanisation au nord de Soulac-sur-Mer, offrant un paysage de longues plages ponctuées de blockhaus. Les boisements sont parcourus de nombreuses pistes cyclables et piétonnes permettant de découvrir ces espaces préservés.

                      Au cœur de la forêt domaniale de la Pointe de Grave, le marais du Logit forme une ouverture conséquente, tandis que le marais du Conseiller, au sud du Verdon-sur-Mer, dessine une transition entre boisements et marais de chasse. Ancien marais salants recueillant l’eau de l’estuaire par des réseaux de canaux, il sont aujourd’hui dévolus à l’élevage aquacole et à la préservation des écosystèmes. Des biotopes précieux se sont en effet développés autour de ces bassins d’eau saumâtre, mais leur protection passe par l’entretien et la gestion des réseaux hydrauliques - dégradés après la fin de l’exploitation du sel.

                      Le phare de Cordouan, sentinelle de l’estuaire

                      À 7 km du littoral vers l’ouest, le plateau de Cordouan, constitué de hauts-fonds rocheux affleurants, accueille le phare du même nom, véritable joyau architectural érigé au milieu des eaux. Construit en 1611, celui-ci a connu diverses transformations jusqu’en 1789, et a été classé monument historique dès 1862, il est un des éléments patrimoniaux les plus précieux de la pointe. Récemment, des travaux ont permis de renforcer sa base d’une cuirasse de béton armé (mesure de protection contre les attaques de la houle). Une nouvelle île sableuse est apparue à ses côtés en mars 2009, sans doute suite au passage de la tempête Klaus, rappelant la mobilité des substrats littoraux.

                      L’impact de l’érosion

                      Si les interventions humaines ont donné à la pointe médocaine une forme nouvelle (créations des mattes et palus notamment), elles ne l’ont pas prémunie des attaques de l’érosion, d’autant plus que la disparition des bancs sableux littoraux laissent la côte plus exposée aux marées et à la houle : dès le milieu du XIXème siècle, des ouvrages de protection sont installés au long du rivage (épis, digues...). Ils ne maintiennent cependant que difficilement la côte, et l’érosion reste un problème majeur, à étudier dans la perspective des changements climatiques en cours (élévation du niveau de la mer).

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                      Enjeux de protection / préservation

                      Les prairies des marais : maintien des paysages ouverts des marais, gestion des prairies par pâturage.

                      Le patrimoine bâti (soulacaises,...) : repérage des bâtiments patrimoniaux, classement et protection par les documents d’urbanisme.

                      L’érosion et les évolutions climatiques : définition de zones à risques non constructibles, protection douce du cordon dunaire.

                      Enjeux de valorisation / création

                      Les milieux naturels des marais : protection des écosystèmes des marais, maintien des réseaux hydrauliques particuliers.

                      Enjeux de réhabilitation / requalification

                      Les espaces publics aux abords des ports : aménagement d’espaces d’accueil de qualité, réaménagement des parkings.

                      Le front de mer de Soulac : réaménagement de la promenade et des parkings.

                      C10. Le marais de Braud-et-Saint-Louis

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                      En rive droite de l’estuaire, au nord de Blaye, les abrupts coteaux calcaires s’adoucissent et s’écartent vers l’est pour laisser la place à de vastes marais, qui s’étendent jusqu’à Mortagne-sur-Gironde, en Charente-Maritime. C’est sur environ 15 000 ha et 40 km du nord au sud - dont une vingtaine sur le territoire girondin - que ces grands espaces plats et dégagés s’offrent à la vue, ponctués de rares bâtiments et d’arbres isolés qui soulignent l’ampleur de l’horizon. Autrefois territoire de l’estuaire, ces terres ont été asséchées par des ingénieurs hollandais au XVIIème siècle, grâce à un réseau de digues et de canaux qui permet, aujourd’hui encore, l’exploitation de tout ce secteur.

                        © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                        Bloc diagramme de l’unité C10 © Agence Folléa-Gautier

                        Les communes concernées par l'unité de paysage C10

                        • ANGLADE
                        • BLAYE
                        • BRAUD-ET-SAINT-LOUIS
                        • CARTELEGUE
                        • ETAULIERS
                        • EYRANS
                        • FOURS
                        • SAINT-ANDRONY
                        • SAINT-CIERS-SUR-GIRONDE
                        • SAINT-GENES-DE-BLAYE
                        • SAINT-MARTIN-LACAUSSADE
                        • SAINT-PALAIS
                        Caractéristiques
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                        Les bordures viticoles habitées

                        La limite du côté est du marais est très clairement dessinée par le canal de ceinture, longue ligne brisée longeant les légers prémices des reliefs calcaires, doublée d’une route-digue. Au-delà de cet ouvrage, élément clé du réseau d’assèchement, les terres reprennent un peu de hauteur, s’élevant graduellement jusqu’à quelques dizaines de mètres. Les pieds de ces coteaux forment les franges habitées du marais ; les vignes et les cultures sur les pentes, les villages au long des routes, se démarquent nettement du quasi-désert qui règne en contrebas. La D255 de Braud-et-Saint-Louis à Saint-Ciers-sur-Gironde, prolongée par la D18, forme cet axe de peuplement au nord du marais. Au sud, au-dessus de Blaye, la D255 forme la limite digue-canal, et l’urbanisation sur les collines est plus diffuse. Bien que les différences de niveau soient faibles, elles suffisent à faire de ces pieds de coteaux des lieux stratégiques. Ils permettent d’offrir des vues sur une grande partie du marais, qui s’étend à perte de vue en contrebas, ne laissant même pas percevoir l’estuaire ; mais ils forment également les limites visuelles de celui-ci, perceptibles de très loin lorsqu’on se trouve dans les basses terres.

                        Le système hydraulique et l’exploitation agricole

                        Si la digue côté estuaire et le canal de ceinture au pied des coteaux forment les éléments clefs du réseau hydraulique d’assèchement des marais, son fonctionnement repose sur de nombreux autres outils. A commencer par le marais de la Vergne, à l’est, qui reçoit les eaux d’un petit bassin versant, acheminées par quelques ruisseaux. Ceux-ci,d’abord dirigés vers le canal des Sables, sont ensuite évacués par le canal Saint-Georges. Mais le débit de ce dernier devient insuffisant lors des périodes de forte précipitations ; le marais de la Vergne, bien que plus élevé, se trouve alors inondé et joue le rôle de régulateur afin de protéger les polders plus à l’ouest. Pour ces derniers, cernés par le canal de ceinture, les chenaux principaux sont organisés suivant un plan orthogonal, parallèlement à la digue ouest - ainsi que les routes, qui suivent et révèlent cette structure du paysage. Ils récoltent les eaux issues des fossés de coulée (qui délimitent les métairies, unités d’exploitation traditionnelles en bandes d’une dizaine d’hectares), eux-mêmes réunissant celles des fossés de travers (qui bornent les parcelles exploitables, ’barrails’ de un à deux hectares).

                        À la fin des années 1970, le remembrement va transformer ces paysages : la volonté de définir des parcelles plus vastes s’oppose au maintien des systèmes traditionnels de drainage, remettant en cause la gestion des marais. La maïsiculture irriguée, notamment, va occuper des champs d’une surface totalisant parfois plusieurs centaines d’hectares, en gommant totalement les complexes réseaux antérieurs. L’existence même des marais étant liée à ces systèmes, ces évolutions posent question, d’autant plus qu’aujourd’hui, différents usages prennent place ici. Si les cultures labourées sont très largement majoritaires, les prairies occupent encore une part conséquente des marais, tandis qu’une large frange à l’est est dévolue à la chasse (tonnes, friches) : toutes ces pratiques n’impliquent pas le même rapport à l’eau, et donc différentes gestions des canaux.

                        Les sites stratégiques des ports

                        Les ports de Vitrezay et des Callonges se situent tous deux à l’embouchure de chenaux importants, s’élargissant légèrement pour accueillir quelques embarcations dans un espace plus abrité que l’estuaire. Ces interfaces entre terre et eau représentent des sites-clefs pour la valorisation des paysages, et sur ces deux sites sont d’ailleurs favorisées les liaisons fluviales (construction d’un ponton aux Callonges, liaison par bac à Vitrezay) et les activités de découverte de la nature. Le pôle-nature de Vitrezay est situé en rive droite du canal de la Comtesse, donc dans le département de Charente-Maritime, mais le parc ornithologique ’Terres d’oiseaux’, au sud du port des Callonges, offre un exemple de site de nature, à destination du public, sur le territoire girondin.

                        Au dessus de l’horizon : arbres et centrale nucléaire

                        Ces terres artificielles constituent des espaces sans limites, d’une horizontalité parfaite (de un à deux mètres d’altitude), et les arbres sont peu nombreux dans ce paysage : quelques friches boisées à l’est, des sujets isolés ou de rares alignements, et peu de ripisylves. Tout élément vertical prend donc ici une place importante, à la fois point de repère et facteur de variété. D’autant plus qu’ils aident à appréhender ce territoire, les alignements soulignant les canaux tandis qu’une ripisylve fournie surplombe la digue ouest, en bordure de l’estuaire.

                        Masse imposante dominant l’horizon, la centrale nucléaire du Blayais - mise en service en 1981 - est la marque la plus récente de l’emprise de l’homme sur ce territoire. Sa haute silhouette se perçoit depuis une grande partie du marais, mais aussi depuis la rive médocaine au-delà de l’estuaire, elle forme un point de repère dans ces paysages de grandes étendues, pauvres en éléments verticaux notables. Elle souligne notamment la limite entre terres et eaux, imperceptible depuis les polders. Mais sa présence se prolonge également dans trois directions par les imposantes lignes à haute tension distribuant la production électrique vers le nord, l’est et le sud-est ; celles-ci parcourent le paysage et s’imposent à la vue, quasi-omniprésentes dans ces pays très dégagés.

                        Enjeux
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                        Enjeux de protection / préservation

                        Le réseau hydraulique des marais : entretien et gestion des canaux, maintien de l’équilibre nécessaire à la préservation des milieux du marais.

                        Les prairies des marais : maintien des paysages ouverts des marais, gestion des prairies par pâturage.

                        Enjeux de valorisation / création

                        Les sites des ports : aménagement pour l’accueil au public, création de points de vue pour la découverte des paysages de l’estuaire.

                        Les transports fluviaux : développement des possibilités de transport fluvial à travers l’estuaire.

                        Les paysages des routes : entretien des abords des routes, entretien des canaux, protection et développement des alignements.

                        Enjeux de réhabilitation / requalification

                        Les grandes parcelles de monoculture : recréation des canaux de drainage, développement de bandes enherbées ou de haies pour favoriser les milieux naturels.

                        Les bâtiments incongrus : inscription dans les paysages du marais par la plantation d’arbres et de haies adaptés en accompagnement.

                        L’urbanisation en bordure des marais : arrêt du développement des constructions, définition de zones non constructibles dans les documents d’urbanisme, inscription dans les paysages des constructions existantes par la mise en place de lisières urbaines plantées.

                        C11. L’estuaire et ses îles

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                        Situation
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                        De la pointe du Bec d’Ambès à celle du Verdon, l’estuaire de la Gironde s’étire sur plus de 70 km de longueur, s’évasant au fur et à mesure pour atteindre 10 km de large avant son embouchure. Ces dimensions monumentales en font le plus grand d’Europe, représentant plus de 600 km². Même si les rives qui le bordent déterminent en partie ses paysages, ses dimensions énormes, ses îles, ses activités spécifiques, en font un lieu en soi, emblématique du département et précieux en termes de milieux naturels. Quelques villes s’approchent jusqu’aux berges mêmes : Pauillac et Le Verdon-sur-Mer sur la rive gauche, desservie par la RD2 ; Bourg et Blaye sur la rive droite, desservie par la RD669 et la RD255. Aucun pont ne franchit cette large encoche maritime, ce qui laisse isolées les populations du nord Médoc , mais fait de la Gironde un des estuaires les plus préservés d’Europe.

                          © Département Gironde / Agence Folléa-Gautier
                          Bloc diagramme de l’unité C11 © Agence Folléa-Gautier

                          Les communes concernées par l'unité de paysage C11

                          • AMBES
                          • ARCINS
                          • BAYON-SUR-GIRONDE
                          • BEGADAN
                          • BLANQUEFORT
                          • BLAYE
                          • BOURG
                          • BRAUD-ET-SAINT-LOUIS
                          • CUBZAC-LES-PONTS
                          • CUSSAC-FORT-MEDOC
                          • FOURS
                          • GAURIAC
                          • JAU-DIGNAC-ET-LOIRAC
                          • LAMARQUE
                          • LE VERDON-SUR-MER
                          • LUDON-MEDOC
                          • MACAU
                          • MARGAUX-CANTENAC
                          • PAREMPUYRE
                          • PAUILLAC
                          • PLASSAC
                          • PRIGNAC-ET-MARCAMPS
                          • SAINT-ANDRE-DE-CUBZAC
                          • SAINT-ANDRONY
                          • SAINT-CHRISTOLY-MEDOC
                          • SAINT-ESTEPHE
                          • SAINT-GENES-DE-BLAYE
                          • SAINT-GERVAIS
                          • SAINT-JULIEN-BEYCHEVELLE
                          • SAINT-LOUBES
                          • SAINT-LOUIS-DE-MONTFERRAND
                          • SAINT-SEURIN-DE-BOURG
                          • SAINT-SEURIN-DE-CADOURNE
                          • SAINT-VINCENT-DE-PAUL
                          • SAINT-VIVIEN-DE-MEDOC
                          • SAINT-YZANS-DE-MEDOC
                          • SOULAC-SUR-MER
                          • SOUSSANS
                          • TALAIS
                          • VALEYRAC
                          • VILLENEUVE
                          Caractéristiques
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                          L’immensité des horizons estuariens

                          L’estuaire de la Gironde, en mêlant les eaux douces des fleuves Garonne et Dordogne et les eaux salées de l’Atlantique, dessine un paysage particulièrement original, à la fois terrestre, fluvial et marin. Marin par ses dimensions : l’ampleur de l’estuaire dialogue ici avec l’immensité du ciel, sans rival de taille pour occuper l’horizon. Terrien par les marais : si les rives sont lointaines et discrètes, elles sont néanmoins travaillées et habitées par les hommes, qui ont petit à petit élargi leur emprise en gagnant des terres sur cette mer intérieure. Fluvial par la couleur brun rouge de ses eaux, par les villes et bourgs portuaires qui ponctuent ses rives, par ses activités de pêche et de navigation.

                          En rive gauche, culminant à peine à 45 m, les horizons du Médoc ne forment qu’une mince bande sombre sur les eaux. En rive droite, si les collines calcaires présentent des "falaises de Gironde" bien lisibles au sud de Blaye, surplombant les eaux d’une cinquantaine de mètres, les marais de Braud-et-Saint-Louis vers l’aval restent aussi bas que l’estuaire, leur présence étant uniquement signalée par les digues.

                          Les paysages discrets des berges

                          Qu’elles soient formées d’une digue artificielle, d’une falaise calcaire ou d’une frange marécageuse, les berges de la Gironde sont, le plus souvent, accompagnées d’une présence arborée plus ou moins marquée. Si aucune forêt alluviale ne s’étend sur les rives, ripisylves et alignements soulignent néanmoins les limites du domaine terrien, tandis que la zone de transition s’étire sur des vasières rougeâtres, luisantes et grasses. Slikke et schorre étendent leur végétation spécifique, dessinant des entre-deux qui enrichissent et complexifient les paysages.

                          Une grande partie des berges de l’estuaire est constituée de digues, bâties et entretenues par l’homme depuis le XVIIème siècle afin d’accroître l’étendue des terres exploitables (cf "les marais"). Marais de Prignac-et-Marcamps, de Braud-et-Saint-Louis, mattes de Talais et palus de Parempuyre sont tous maintenus hors d’eau par ces fragiles barrières, associées à de vastes réseaux de canaux de drainage et à des systèmes de vannes, écluses et portes à flot. Ces systèmes complexes nécessitent un entretien attentif, car ils sont sans cesse soumis à l’action des eaux (courants, marées, batillage, mascaret...), particulièrement lors d’évènements comme la tempête Xynthia, en 2010. Environ 20% des digues sont aujourd’hui dégradées et 30% fragilisées, et la multiplicité des gestionnaires rend difficile la mise en place d’une politique globale.

                          Dans le contexte climatique actuel - fréquence accrue des tempêtes, réchauffement climatique et montée du niveau des eaux - la gestion des crues et des inondations passe par un questionnement de ces systèmes de digues. En effet, d’autres modes de gestion permettraient aux marais de jouer un rôle plus efficace en tant que secteurs d’épandage des crues, protégeant ainsi les zones très urbanisées de l’agglomération bordelaise en amont.

                          Entre digues et eaux se développent les bots (ou brods) : ces vasières, adossées aux ouvrages, s’étendent au-dessus de l’estran. Rarement immergées, elles sont couvertes d’une végétation herbacée pérenne, qui surplombe les bourrelets alluvionnaires luisants.

                          La succession des innombrables carrelets, perchés sur pilotis et surplombant les rivages, rappelle la présence de l’homme et l’importante activité que suscitent les berges. Emblématiques de l’estuaire, ces cabanons de pêche forment un véritable patrimoine encore peu valorisé et aujourd’hui menacé par les tempêtes, l’érosion, voire les perspectives de montée du niveau des eaux.

                          Les paysages fluctuants des îles

                          Avec les apports importants en alluvions fluviatiles et en sables marins causés deux fois par jour par la marée montante, les mouvements sédimentaires à l’œuvre dans l’estuaire sont considérables : la physionomie des fonds sous-marins se modifie perpétuellement, et des îles se forment ou disparaissent régulièrement au sein de la Gironde.

                          Les processus de création d’une île :

                          « Au départ, il y a toujours un banc de sable. Et puis la vase s’en mêle, avec des herbes d’eau. On parle alors d’un vasard. Qui devient fagnard quand des buissons s’installent. Voire une île quand il commence à y avoir des arbres. »

                          Parfois rattachées naturellement aux rives par le comblement des chenaux et l’érosion du côté du lit principal, celles-ci participent aussi de la modification du pourtour même de l’estuaire, notamment sur la rive gauche. Depuis l’apparition de l’île Macau, dont la présence est attestée au XIème siècle, les changements ont été nombreux : ainsi, l’Île Cazeau passe de 100 ha au XVIIIème siècle à plus de 300 ha à la fin du XIXème, l’Île Patiras de 380 ha au début du XVIIIème à 1500 au début du XXème, l’Île Vincent et l’Île des Vaches se sont rattachées à la rive...

                          Les interventions humaines ont eu tendance à appauvrir l’archipel des îles estuariennes, principalement dans le but de conforter les chenaux de navigation : ainsi, l’Île Cazeau, l’Île du Nord et l’Île Verte ont été réunies au XIXème siècle, de même que l’Île Nouvelle et l’Île Bouchaud. Par ces interventions, les courants sont concentrés et permettent de maintenir un effet de chasse plus efficace. Mais les paysages s’en trouvent simplifiés : les îles deviennent des bandes de terre ou disparaissent, et avec elles les petits bras aux ambiances riches et intimes.

                          Simple banc de sable apparu au milieu du XVIIème siècle, l’Île Paté fera l’objet d’un renforcement par des structures en bois afin d’accueillir Fort Paté, dont la construction sera achevée en 1693. Celui-ci forme le troisième élément du verrou de la Gironde conçu par Vauban, avec la citadelle de Blaye et Fort Médoc. Cette architecture militaire participe également du paysage de l’estuaire, elle souligne son importance stratégique et la volonté humaine de maîtriser ces territoires fluctuants. L’île en elle-même, soumise à une érosion importante, verra sa surface diminuer de 20 à 13 ha entre 1723 et 1912 ; de nombreuses opérations de consolidation des berges ont été menées au fil du temps, afin de préserver cet élément du système défensif. Aujourd’hui, cet îlot non exploité est envahi par la végétation, qui camoufle la construction héritée de Vauban.

                          L’occupation humaine des îles

                          Les îles furent d’abord exploitées majoritairement pour le pâturage, et ce n’est qu’au début du XIXème siècle qu’elles commencent à être mises en culture. Cultures céréalières et surtout viticoles se développent alors sur la plupart d’entre elles : elles bénéficient en effet d’un climat favorable - protégé du gel comme de la grêle - et de sols particulièrement riches. Tout comme sur le Bec d’Ambès, les parcelles peuvent être facilement inondées, ce qui protège les pieds des attaques du phylloxéra : les vignobles des îles deviennent donc florissants lorsque frappe cette maladie. Plus de 200 ha de vigne couvrent ainsi l’ensemble Île Cazeau-Île du Nord-Île Verte à la fin du XIXème siècle.

                          Un important besoin en main d’œuvre découle de ce développement de la viticulture : une population permanente s’installe sur les îles. Celle-ci est estimée à environ 450 personnes au total en 1878, constituant de véritables hameaux. Au fil des années, la vie des insulaires est facilitée par divers aménagements : creusement de puits artésiens pour l’eau, construction d’écoles, électrification en 1950...

                          La prééminence viticole prendra fin dans la deuxième moitié du XXème siècle, et les surfaces plantées en vigne se réduisent alors pour laisser la place à la céréaliculture, et notamment au maïs. Ce changement, associé à la modernisation des techniques, signifie la baisse de la population des îles, jusqu’à sa disparition et l’abandon des bâtiments.

                          Après avoir été exploitée durant 20 ans par la maïsiculture, l’Île Nouvelle est rachetée en 1991 par le Conservatoire du Littoral. Différents projets de renaturation sont menés : maintien des digues au sud afin de retenir les eaux de pluies et développer des roselières, propices à certains oiseaux (canards, fauvettes, hérons...) ; ouvertures des digues au nord pour laisser pénétrer les eaux estuariennes et obtenir des vasières susceptibles d’évoluer, à long terme, en boisements alluviaux. L’île est aujourd’hui ouverte au public lors de visites guidées, afin de révéler sa richesse écologique tout en préservant ses milieux.

                          Le paysage des ports

                          Garonne, Dordogne et Gironde constituent depuis des temps immémoriaux des axes de communication majeurs ; en effet, les voies navigables sont restées très longtemps des moyens plus sûrs de voyager et de transporter les marchandises. Si le rail et la route ont considérablement diminué l’importance de la navigation, celle-ci n’a jamais disparu pour autant, et aujourd’hui encore des navires de gros tonnage remontent jusqu’à Bordeaux, voire plus en amont : les éléments de fuselage de l’Airbus A380 sont ainsi transportés par bateau jusqu’au port de Langon.

                          Les premiers bateaux, grâce à un tirant d’eau faible, trouvaient sans encombre leur chemin dans l’estuaire, mais les navires plus modernes ont nécessité de nombreux aménagements afin d’assurer sa navigabilité. En plus des rattachements d’îles évoqués plus haut, qui permettent d’accentuer les effets de chasse, les passes sont entretenues par dragage à partir du milieu du XIXème siècle. Parallèlement, des systèmes de balisage et d’éclairage apparaissent et seront achevés à la fin de ce même siècle. Aujourd’hui encore, la passe est draguée continuellement afin d’assurer l’accès jusqu’au Grand Port Maritime de Bordeaux.

                          La plupart des petits ports de pêche et de plaisance, égrenés au fil de l’estuaire, restent discrets, implantés en retrait le long d’étroits chenaux. Ce sont traditionnellement des ports d’échange, soumis aux marées. Le bois y est omniprésent pour les confortements des berges, les platelages, les piquets, les échelles, et contribue de façon majeure à la qualité paysagère des lieux. A marée basse, la vase fait aussi partie de leur personnalité, évacuée par système de chasse. En général, une rive reçoit les bâtiments, l’autre restant naturelle. Quant aux peyrats, ils permettent la mise à l’eau des bateaux.

                          Les ports urbains, comme Blaye ou Pauillac, participent des paysages de la Gironde de façon plus manifeste : façades bâties urbaines ou quais de pierre dessinent des rencontres frontales entre villes et estuaire. La présence marquée d’arbres d’alignement enrichit encore cette interface, en révélant son potentiel en tant qu’espace public. Le port de plaisance de Pauillac, vu depuis l’estuaire, nuit en partie à cette image : les longues berges herbeuses plongeant dans les eaux sont occultées par les hautes palplanches métalliques de la jetée.

                          Le rôle de l’estuaire reste majeur en termes de transport, notamment dans les domaines commercial et industriel : l’entretien constant du chenal permet d’assurer l’accès de navires de grands gabarits, nécessaires aux activités lourdes. La pointe du Bec d’Ambès, le port pétrolier de Pauillac ou encore le port industriel du Verdon, révèlent ce rôle important de la Gironde ; grues, cuves de stockage et pontons de déchargement formant le décor devant lequel se succèdent les gros porteurs.

                          Les phares de Patiras et de Trompeloup, dressés au sein de l’estuaire sur les îles éponymes, constituent également un patrimoine architectural de valeur. Enfin, éléments d’échelle moindre, les bouées et balises accompagnent au long de l’estuaire le spectacle des navires empruntant le chenal ; tandis que quelques épaves gisant sur les berges rappellent les dangers de la navigation.

                          Enjeux
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                          Enjeux de protection / préservation

                          Les milieux humides des berges : protection des milieux fragilisés, mise en place d’accès canalisés.

                          Le patrimoine architectural (phares, citadelles...) : classement et inscription aux documents d’urbanisme, entretien et rénovation.

                          Les carrelets : entretien et rénovation.

                          Enjeux de valorisation/création

                          Les paysages des îles : ouverture au public, renaturation des parcelles abandonnées, aménagement de points d’accueil, organisation de visites.

                          Les berges : mise en place de circulations douces, gestion de la ripisylve et des plantations sur digues, entretien et rénovation des carrelets, aménagement de points de vue sur l’estuaire.

                          Les espaces publics des villes portuaires : aménagement de lieux d’aménité urbains, recul des aires de stationnements par rapport aux berges, valorisation du contact ville-estuaire.

                          Les petits ports de pêche : aménagement de lieux privilégiés de découverte de l’estuaire, entretien et rénovation des villages, création de liaisons douces piétons-cyclistes depuis l’intérieur des terres et d’itinéraires de découverte.

                          Les transports collectifs fluviaux, le tourisme fluvial : développement de nouvelles lignes, notamment à but touristique.

                          Enjeux de réhabilitation/requalification

                          Les berges érodées et les ouvrages de défense endommagés : mise en place de systèmes de protections végétales, consolidation ou renaturation selon les milieux naturels, organisation de "vigilance citoyenne".

                          Le patrimoine bâti des îles : rénovation des bâtiments, aménagement d’espaces d’accueil du public, valorisation de l’environnement.