Accès à la santé : prévention, soins et proximité

L'observation est pessimiste : les inégalités de santé sur les territoires ruraux girondins s'accroissent.

Précarité, pauvreté, désertification médicale ou développement des maladies chroniques nécessitent l'intervention collective des professionnels de santé, en lien avec les collectivités locales.

 

À Blaye : un camion pour informer

À l'échelle d'un bassin de vie de 90 000 habitants, le camion santé de l'hôpital de Blaye sillonne les routes de la Haute Gironde. Depuis près d'un an, près de 3 800 habitants ont bénéficié de son action de prévention et d'informations. Il ne s'agit pas de prodiguer des soins curatifs mais d'assurer la prévention.

Après avoir fait un constat sociologique et démographique alarmant notamment sur les générations touchées par les inégalités sociales d'accès aux soins, les personnes atteintes de maladies chroniques (cancer du poumon, diabète...) et les conduites à risque (tabac, alcool) dont le nombre est ici supérieur à la moyenne, l'hôpital de Blaye a répondu à l'appel à projets de l'Agence Régionale de Santé (ARS) en 2015 : "Développer les actions de prévention hors les murs".

La responsable administrative du projet, salariée de l'hôpital, et la coordinatrice de terrain, psychologue de la prévention, dont le poste est financé par l'ARS, ont créé ce nouveau concept qui répond aux besoins spécifiques du territoire. Elles font vivre ce projet au quotidien dans un réseau de partenaires.

Pour faciliter l'appropriation du camion, sa carrosserie a été graffée et décorée par les jeunes lors des Vacances Jeunes de février 2016.

Au cours des 109 actions réalisées, la sensibilisation s'est effectuée autour de l'addictologie, de la nutrition, de la promotion de la santé, de la santé environnementale, de la vie affective et sexuelle. Ce dispositif inédit et innovant sur le territoire est désormais bien ancré et atteste de la pertinence d'une ressource repérée par les professionnels permettant la mobilisation des publics vers un parcours de soin adapté.

À Coutras : un centre contre l'insuffisance médicale

En 2014, la commune de Coutras fait le constat alarmant qu'un habitant de la commune sur deux n'a pas de médecin traitant, soit 4 000 personnes. Et depuis trois ans, Coutras a vu partir quatre médecins sans succession.

Le contexte de désertification médicale et la situation démographique en évolution en Libournais s'ajoutent aux besoins de proximité des populations sur un territoire en carence de soins. La ville se rapproche alors de l'hôpital de Libourne et de la Communauté d'Agglomération du LIbournais (CALI) et crée une association dont la gouvernance partagée - entre collectivités locales et établissement de santé - est une des conditions pour pouvoir répondre à l'appel à projets de l'ARS "Création d'un centre de santé".

Pour accueillir cette structure innovante, la ville acquiert des locaux en 2015, et entreprend leur réhabilitation : dès l'automne 2017, quatre médecins généralistes ainsi que des spécialistes assureront des permanences régulières sur la malnutrition, la prévention de la santé, la contraception et les conduites à risques.

La commune et l'hôpital mutualisent ainsi les frais de structure et de gestion et l'association garantit un salaire aux médecins sur la base de 35 heures par semaine ; au-delà, ces derniers factureront à l'acte. L'ARS a joué son rôle de prospection en trouvant quatre jeunes médecins débutants qui n'auraient pas eu les moyens de s'installer et ne seraient pas venus exercer en milieu rural.

Pour cette commune de 8 600 habitants, ville centre d'un bassin de vie de plus de 20 000 habitants, la réflexion d'un élargissement de l'action du centre de santé est déjà en cours, sur d'autres territoires.