Décrypter l'eau

Parcourue par un réseau hydrographique dense de plus 6 000 km de cours d’eau (fleuves, rivières, fossés de drainage, généralement creusés dans le sable, aménagés pour assainir la lande humide…) et bordée de 126 km de littoral, la Gironde est un territoire où l’eau est omniprésente. Celle-ci a façonné des milieux naturels d’exception, très majoritairement des zones humides, abritant une biodiversité tout aussi remarquable. Décryptons l'eau.

Les nappes profondes de Gironde

Tous usages confondus, les prélèvements en eau du département de la Gironde s’élèvent à environ 300 millions de m3 par an, dont environ 130 millions de m3 pour l’alimentation en eau potable.

Les quatre nappes profondes concernées par ces usages domestiques, que sont le crétacé, l’éocène, l’oligocène et le miocène sont suivies depuis plus de 60 ans par le Département, avec comme opérateur le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM).

Les données les plus récentes sont téléchargeables ci-dessous, mais vous trouverez les anciens rapports et plaquettes sur le site du BRGM.

Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux Nappes profondes de Gironde (SAGE) définit les objectifs et les principes d’une gestion équilibrée de la ressource en eau. Il a pour objectif, sur les quatre nappes de son périmètre girondin, de restaurer le bon état des nappes surexploitées et de maintenir les autres nappes en bon état.

Cet objectif peut être atteint par deux stratégies complémentaires :

  • la stabilisation des consommations en eau (réduction des consommations des habitants, exemplarité des collectivités locales, réduction des pertes dans les réseaux de distribution…),
  • la mise en œuvre de nouvelles ressources dites de substitution pour soulager la pression sur la nappe de l’éocène en développant des nouvelles ressources dans des nappes moins exploitées.

L'alimentation en eau potable

En Gironde, l’eau potable provient des nappes souterraines, dites profondes, à près de 97 %.

En effet, l’eau des nappes souterraines est d’excellente qualité, car protégée des pollutions de surface.

Aussi, la production et la distribution de l’eau potable sont sous surveillance et le Département mène des missions d’assistance, de conseil et d’évaluation auprès des 78 autorités organisatrices chargées du service public de l’eau potable (à retrouver sur la carte en téléchargement ci-dessous).

La gestion des eaux usées

C’est au début des années 1970, que l’assainissement des eaux usées s’est développé en Gironde par la création de réseaux de collecte et de stations d’épuration. 

En Gironde, 261 stations d’épuration hors Métropole sont réparties sur le territoire et gérées par 104 collectivités. Appelé trop souvent à tort « Tout à l’égout », le réseau d’assainissement ne peut pas tout recevoir. N’y jetons pas tout !

Retrouvez tous nos conseils dans la plaquette ci-dessous ainsi que la carte des autorités organisatrices des services publics de l'assainissement collectif.

On estime aujourd’hui qu’en Gironde 1,3 million d’habitants sont raccordés à un système collectif. Pour répondre à la problématique des habitations non raccordées à un réseau de collecte, des solutions de traitements adaptés sont mises en place, on parle d’assainissement non collectif. 

L'eau et la gouvernance

Les Schémas d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de Gironde

Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) sont des outils de planification. Essentiels dans la mise en œuvre de la Directive Cadre sur l'Eau, ils constituent une déclinaison du Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) à une échelle plus locale. 

Ils ont été institués par la Loi sur l'Eau de 1992. Puis ont évolué avec la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques (LEMA) de 2006, et la Loi Grenelle II visant la gestion équilibrée et durable de la ressource en eau. 

Les Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) visent à concilier les différents usages de l’eau (eau potable, industrie, agriculture...) avec la protection des milieux aquatiques, en tenant compte des spécificités d'un territoire. 

Le département de la Gironde est couvert par neuf SAGE. Un dixième SAGE est en cours d’élaboration en mai 2025.

Ils développent des objectifs communs et des spécificités reflétant les contextes environnementaux et économiques locaux, propres au périmètre de leur bassin versant hydrographique ou nappe.

La Commission locale de l’Eau (CLE) constitue l’organe décisionnel du SAGE. La CLE, point de rencontre de toutes les parties et lieu de concertation volontaire avec les acteurs locaux, élabore et valide les documents, arbitre les conflits, et suit la mise en œuvre du SAGE. 

La CLE veille à la bonne application des préconisations et des prescriptions inscrites dans le SAGE, ainsi qu'à la mise en place des actions. Elle est présidée par un élu local et est composée de trois collèges (collectivités, usagers et État). La CLE confie son secrétariat à une structure porteuse, généralement de type syndicat mixte, chargée de l’animation de la démarche, des études nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre du SAGE.

Un SAGE est constitué de plusieurs documents : 

  • le Plan d'Aménagement et de Gestion Durable (PAGD), 
  • le Règlement,
  • le Rapport environnemental.

Ils présentent à la fois une portée réglementaire en termes de compatibilité avec les documents d’urbanisme, et les dossiers d’autorisation environnementale. Ils engagent aussi à décliner des politiques plus locales autour des enjeux identifiés. La mise en œuvre opérationnelle d’un SAGE est validée sur arrêté préfectoral.

Les schémas d’aménagement et de gestion de l’eau mettent en œuvre des logiques de concertation et de gouvernance, gages d’une adhésion locale indispensable à une gestion de l’Eau, aux enjeux et interactions multiples.

Retrouvez la carte des SAGE de Gironde ci-dessous.

Les Établissements Publics Territoriaux de Bassin (EPTB)

Le département de la Gironde est membre des cinq structures suivantes spécialisées dans le domaine de la gestion des cours d’eau et de la ressource en eau : l'Établissement Public Garonne, Gascogne et affluents pyrénéens, EPIDOR, le SMIDDEST, EPIDROPT et le SMEGREG. 

Il participe depuis plusieurs années, au côté des collectivités membres, au financement en tout ou partie de leurs frais de fonctionnement et d’investissement pour assurer leur bon fonctionnement.

L'établissement Public Garonne, Gascogne et affluents pyrénéens (ancien SMEAG) pour une gestion coordonnée de la Garonne

L'Établissement Public Garonne, Gascogne et affluents pyrénéens, qui fait suite au SMEAG, est dans la démarche de reconnaissance en tant qu'établissement public territorial de bassin (EPTB). À ce titre, il est acteur reconnu de la politique de l'eau aux côtés de l'Agence de l'eau et du comité de bassin Adour-Garonne. Il est composé de neuf collectivités territoriales : les Régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine et les départements de la Haute-Garonne, du Tarn-et-Garonne, du Lot-et-Garonne et de la Gironde, membres historiques du SMEAG, et les départements de l'Ariège, du Gers et des Hautes-Pyrénées. Il est régi à la fois par le code général des Collectivités territoriales et par le code de l'Environnement.

Il a pour mission de favoriser :

  • La gestion équilibrée de la ressource en eau et des milieux aquatiques ;
  • La prévention des inondations ;
  • La gestion et la préservation des milieux naturels et des zones humides. 

Le Syndicat est la structure porteuse du schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Vallée de la Garonne pour le compte de la commission locale de l'eau (CLE) ainsi que de l'Inter-SAGE qui regroupe les sept SAGE qui couvrent son périmètre.

L’Établissement public territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR)

Dès 1991, les départements traversés par la rivière Dordogne : Puy-de-Dôme, Cantal, Corrèze, Lot, Dordogne et Gironde, ont créé EPIDOR pour une solution institutionnelle à l’équation complexe du bassin hydrographique de la Dordogne.

EPIDOR dispose d’une aptitude technique et scientifique à la planification, qui lui permet de penser l’avenir à l’échelle du bassin versant de la Dordogne. Son expertise est aujourd’hui prise en compte par les collectivités territoriales, les services de l’État, l’Agence de l’Eau Grand Sud-Ouest et les Organisation non gouvernementales environnementales.

EPIDOR assure une fonction démocratique en apportant des informations objectives aux parties prenantes sur l’état de la ressource en eau, des rivières et des milieux aquatiques. Il organise le travail commun d’échelons institutionnels différents, en assurant la participation des citoyens à la gestion des rivières du bassin versant de la Dordogne.

Depuis 2019, EPIDOR est un syndicat mixte ouvert, que la Région Nouvelle-Aquitaine et le Département de la Charente ont alors intégré.

En 2020, le Conseil syndical d’EPIDOR s’est prononcé favorablement sur le transfert définitif du Domaine public fluvial, qu’il gère désormais. 

Pour la partie aval du bassin versant, EPIDOR est la structure porteuse du SAGE Isle Dronne signé en août 2021. EPIDOR porte également le SAGE Dordogne Atlantique qui est en cours d’élaboration en mai 2025.

Le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire (SMIDDEST)

Créé en 2001, le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire (SMIDDEST) est composé de huit membres : Communautés de communes de l’estuaire et de la Haute Saintonge, Communauté d’agglomération de Royan, Bordeaux Métropole, départements de la Charente-Maritime et de Gironde, Région Nouvelle-Aquitaine et Communauté de communes Médoc Atlantique.

Il a pour mission d’initier des réflexions et de coordonner les actions concernant la préservation, la valorisation et le développement durable de l’Estuaire de la Gironde.

Ses missions touchent ainsi plusieurs domaines :

  • la gestion de l’eau et des milieux aquatiques : avec la préservation de l’environnement grâce au SAGE Estuaire de la Gironde et milieux associés de 2013 en cours de révision en mai 2025, et la lutte contre le risque d’inondations avec la mise en œuvre du Programme d'Actions et de Prévention des Inondations Estuaire (PAPI) labellisé en novembre 2015,
  • la promotion et le développement de l’Estuaire, pour en faire un grand site de tourisme durable à l’échelle nationale. Le syndicat mène des actions de fond (structuration et mise en réseau des acteurs, conduite d'études, recherche de financements...), et des opérations de promotion,
  • le gardiennage, la gestion et l'accueil des visiteurs au Phare de Cordouan, plus ancien phare de France, classé Monument Historique depuis 1848 et seul phare en mer au monde encore habité ; en juillet 2021 ce « bien culturel » a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le Syndicat mixte ouvert EPIDROPT

En juin 2011, le département de la Gironde a adhéré au syndicat mixte ouvert EPIDROPT et s’est positionné uniquement sur la mission commune d’émergence et d’animation du SAGE du Dropt. Ce syndicat mixte a été créé le 1er janvier 2012.

L’objet de la structure repose donc sur une mission commune obligatoire, de coordination de la politique d’ensemble du bassin du Dropt comprenant l’animation du SAGE Dropt.

Trois missions à caractère optionnel complètent l’objet du syndicat :

  • l’aménagement et la gestion des cours d’eau du bassin versant,
  • la gestion de la réalimentation,
  • la réalisation des ouvrages de réalimentation.

EPIDROPT est la structure porteuse du SAGE Dropt signé le 13 janvier 2022. La stratégie agricole sur le bassin versant du Dropt est en cours de finalisation en mai 2025.

Le Syndicat Mixte d’Études et de Gestion de la Ressource en Eau du Département de la Gironde (SMEGREG), l'Établissement Public Territorial de Bassin Nappes profondes

Créé en 1998, le Syndicat Mixte d’Études et de Gestion de la Ressource en Eau du département de la Gironde (SMEGREG) a évolué en 2013 en s’ouvrant à d’autres collectivités que ses membres fondateurs, pour garantir la prise en compte des intérêts des services de l’eau concernés par les grands projets de substitution. Un troisième collège de collectivité fait désormais partie intégrante de ce syndicat.

Ses missions consistent à proposer et à étudier la faisabilité technique, économique, juridique et financière de solutions de substitution aux prélèvements dans les nappes d'eau souterraines profondes du département. Il réalise aussi les études préalables nécessaires à la mise en œuvre des mesures du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) « Nappes profondes de Gironde ». Le SMEGREG assure également le secrétariat technique de la Commission Locale de l’Eau (CLE).

La collecte des données pour une meilleure connaissance

Le suivi des eaux superficielles en Gironde

Le département de la Gironde assure en collaboration avec le Laboratoire départemental d’analyses de la Gironde et l’appui financier de l’Agence de l’eau Adour Garonne, un suivi de la qualité des eaux de plusieurs rivières.

Depuis 2005, le Département est maître d’ouvrage d’un réseau complémentaire départemental (RCD) pour le suivi de la qualité des eaux superficielles en complément du réseau de contrôle de surveillance RCS. 

Cette décision, qui tend à améliorer la connaissance de la qualité des milieux aquatiques, vient compléter les différents dispositifs d’intervention mis en place par le Département pour l’assainissement des eaux usées, la préservation des milieux aquatiques et l’amélioration de l’écoulement des cours d’eau.

Les enjeux portent sur le suivi :

  • des éventuelles pollutions domestiques en lien avec des équipements d'assainissement individuels ou collectifs selon les secteurs,
  • des pollutions diffuses provenant notamment de l'agriculture,
  • des pollutions industrielles.

Ainsi, le réseau complémentaire départemental vise à réaliser le suivi qualité de masses d'eau à une échelle départementale. Il constitue un outil d'observation et si besoin, d'alerte, permettant de mieux accompagner les politiques départementales en faveur de la préservation des milieux aquatiques et la ressource. Il se veut aussi un outil de sensibilisation.

En 2025, le réseau de surveillance complémentaire départemental est porté à 15 stations de mesures pour les mesures physico-chimiques (macro-polluants : oxygénation, nutriments…) et les substances micropolluantes simples (pesticides, HAP, métaux, résidus médicamenteux). Certaines stations feront l'objet d'analyse de suivis biologiques. Les prestations sont confiées aux Laboratoires Départementaux de la Gironde (LDA33) et de la Dordogne.

Le réseau de suivi des eaux souterraines

Le département de la Gironde se caractérise par la présence d’importantes réserves en eaux souterraines. Il fait aussi partie des départements où les nappes profondes sont les plus exploitées pour différents usages de l’eau et plus particulièrement pour l’alimentation en eau potable. Cependant, le caractère peu renouvelable de ces nappes a pour conséquence une forte vulnérabilité d’un point de vue quantitatif. 

Face à ce constat, le suivi piézométrique des nappes a débuté dès 1958 sur les grands systèmes aquifères du département (éocène, jurassique, crétacé supérieur, oligocène, miocène et plio-quaternaire). 

Les données acquises au cours de ces soixante dernières années ont permis d’initier des études visant à mieux connaître le comportement des aquifères, de mettre en évidence la surexploitation de certains d’entre eux et de délimiter les secteurs les plus résilients. Parallèlement, le contrôle de la qualité des eaux souterraines a débuté en 1990 avec comme objectifs, l’identification des aquifères les plus vulnérables et la mise en évidence d’une éventuelle dégradation de la qualité chimique des ressources. 

Le département de la Gironde s'est particulièrement impliqué afin de préserver les ressources en eau et garantir une répartition équilibrée sur le territoire en portant la maîtrise d’ouvrage de ces réseaux depuis maintenant plus de soixante-cinq ans. Il s’agit du réseau de surveillance le plus ancien de France et qui est à la tête d'une somme d'informations qui offre un regard tant rétrospectif que prospectif. Le BRGM, partenaire historique, apporte une caution sur les analyses produites en tant qu’expert.

Le suivi piézométrique départemental est réalisé sur 85 points en continu, 49 points trimestriels, et 7 points mensuels et il existe un réseau complémentaire de 39 ouvrages pour l’édition d’une carte piézométrique (Eocène). 

Le suivi qualité du réseau départemental se fait sur 16 ouvrages. Les prélèvements et mesures in-situ sont réalisés par le BRGM et les analyses sont confiées aux laboratoires départementaux de la Gironde et de la Dordogne.